Cénum - La lettre du Conseil #34 - Instagramisation du monde

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C’est officiellement la rentrée ! Pour nous retrouver en douceur, vous trouverez ici un point sur nos actualités, sur les lectures à ne pas manquer et une analyse d’un phénomène dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises : l’”instagramisation du monde”.

QUE S’EST-IL PASSÉ CET ÉTÉ CÔTÉ CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE ?

Pas de photos de vacances dans cette rubrique mais diverses interventions pendant le mois d’août :  

  • Joëlle Toledano a participé aux Rencontres des entrepreneurs français du Medef pour parler Émancipation numérique aux côtés de Benoît Coeuré, Frédéric Mazzella et David Olivennes.
  • Serge Tisseron s’est exprimé dans le Point sur le déni (un ouvrage est à venir) et a signé dans le Monde une tribune appelant à une éducation au développement durable.
  • Dans Les Echos, Gilles Babinet interroge les politiques industrielles en matière numérique et Joëlle Toledano et Jean-Marc Vittori signent une tribune appelant à parler argent.
  • Justine Cassell partage sa vision de l’intelligence artificielle : un outil d’aide à la communication entre humains dans La Vie.
  • Rahaf Harfoush a participé au podcast “Resilience with Google” pour inviter à repenser la productivité.
  • Jean Cattan est intervenu sur Europe 1 sur les business des influenceurs et sur le cyberharcèlement.


SORTIES ET ÉVÉNEMENTS : NOS PROCHAINS RENDEZ-VOUS

Du côté des sorties, notez dans vos agendas :

  • Notre dossier sur la relation entre les humains et les machines sous le prisme du corps au travail est prêt. Il sortira fin septembre.
  • Adrien Basdevant a été missionné aux côtés de Camille François et de Rémi Ronfard par les ministères de la Culture, de l'Économie et du Numérique pour travailler sur les metavers. Rendez-vous mi-octobre.

Les événements où nous retrouver en septembre et en octobre :

  • Les 28 et 29 septembre à Lens pour Numérique en commun(s) lors d’une masterclass autour d’Itinéraires numériques et un atelier de contribution à Wikipédia. Programme et inscription. On en profite, ce mois-ci le labo des Tiers-lieux adopte le thème des communs. Plein de ressources à lire et (re)découvrir ici.
  • Le 29 septembre à Annecy pour une conférence autour des enfants et des écrans avec Serge Tisseron. Informations.
  • Le 1er octobre au festival international de géographie de Saint-Dié. Anne Alombert et Jean Cattan participeront à une table ronde et vous pourrez y découvrir un beau projet que nous avons mené avec deux partenaires. Un indice ? On y parle cartographie et représentation du monde dans un média qui, déplié, ne tient pas dans la poche. Informations.
  • Le 4 octobre à Bordeaux à l’occasion de la journée sur les algorithmes d’aide à la décision publique de la Société informatique de France. Informations.
  • Le 6 octobre au séminaire des Arcom francophones auquel interviendra Gilles Babinet.

UNE RENTRÉE LITTÉRAIRE TRÈS RICHE

Voici une sélection de nos lectures à venir côté numérique :

  • “Nous sommes les réseaux sociaux” de Jean Cattan et Serge Abiteboul (et pas uniquement car Jean est secrétaire général). Le livre propose des pistes pour reprendre le contrôle sur ces plateformes collectivement.
  • Un article écrit par Henri Isaac sur la souveraineté numérique, qui s’appuie sur les travaux de Michael Mann pour proposer une reconstruction du pouvoir des infrastructures européennes.
  • Homo Numericus. La civilisation qui vient de Daniel Cohen chez Albin Michel
  • Les Lumières à l’ère numérique, un ouvrage collectif dirigé par Gérald Bronner (PUF)
  • Techno-luttes. Enquête sur ceux qui résistent à la technologie (Seuil) de Nicolas Celnik et Fabien Benoît

Par ailleurs, nous poursuivons les entretiens que nous partageons dans la rubrique “Paroles de” sur le site. 41 sont déjà disponibles. N’hésitez pas à nous envoyer vos recommandations de lecture ou les voix que vous souhaiteriez lire sur info@cnnumerique.fr.

RÉSEAUX (A)SOCIAUX ET INSTAGRAMISATION DU MONDE : LE VENT EST-IL EN TRAIN DE TOURNER ?

L’influence des réseaux sociaux dans nos manières de voyager a été un des sujets phares de l’été et a même donné naissance à une nouvelle expression : l’instagramisation du monde. Les plateformes, et au premier rang Instagram, sont régulièrement pointées du doigt par les agences de tourisme et les photographes de voyage.

  • La cause ? Les influenceurs sont accusés d’y promouvoir un tourisme de masse, standardisé et qui incite à la course à “LA photo”, qu’il s’agisse de champs de lavande en fleur dans le Vercors, de maisons blanches à Mykonos ou de couchers de soleil à Bali. Cette quête de la photo parfaite n’est pas sans conséquences pour la biodiversité de nos paysages naturels.
  • Aux origines du “tourisme Instagram”. Dans le documentaire Instagram : la foire aux vanités diffusé (et toujours disponible) sur Arte, les réalisateurs Olivier Lemaire et Nicolas Combalbert reviennent sur les origines d’Instagram. Créé en octobre 2010 par Kevin Systrom et Mark Krieger, deux diplômés de Stanford, le réseau social est à l’origine pensé comme un espace où les photographes du monde entier peuvent partager leurs plus beaux clichés. Les deux fondateurs souhaitent créer un mouvement “artistico-numérique” centré autour de leur réseau social.
  • Le rachat d’Instagram par Facebook, en 2012, change la donne. Selon les réalisateurs, l’année 2012 représente un tournant dans l’histoire d’Instagram : le réseau social commence à développer sa politique publicitaire et les contenus qui sont susceptibles de provoquer le plus d’engagement sont mis en avant.
  • Snapchat et TikTok ont suivi le mouvement et ont généré un autre phénomène : des réseaux sociaux dans lesquels le banal, le quotidien et la proximité des échanges n'ont plus leur place. Les contenus proposés sur les plateformes manquent à la fois de créativité et de normalité. Cette utilisation standardisée des médias sociaux nous amène à nous interroger sur la représentation que nous nous faisons du monde et de nous-mêmes. Sans doute visionnaire, Stefan Zweig observait déjà dans L’Uniformisation du monde en 1925 l’avènement de l’instantanéité et la disparition progressive des aspérités dans les sociétés européennes.
  • Néanmoins, les signes d’un renversement émergent : les réseaux sociaux permettent aussi d’affirmer ce que l’on est, jusqu’à revendiquer notre banalité. BeReal, une application de partage de photos entre amis est l’une des applications les plus téléchargées de l’année. Il semblerait qu’après plusieurs années de pandémie, les utilisateurs recherchent le banal, l’ennui et (surtout) la chaleur des échanges sur les réseaux sociaux.

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