Café IA, un dispositif pour débattre et agir sur notre relation aux technologies.

Café IA, un dispositif pour débattre et agir sur notre relation aux technologies. ✦ Mais aussi : NEC 2024, les inscriptions sont ouvertes ! ✦ Comment dialoguer sur les technologies au travail ? Les résultats de la dernière enquête du LaborIA.

Bonjour, nous sommes le vendredi 24 mai 2024 et voici votre moment pour prendre le temps d’interroger notre relation au numérique. Cette semaine, retour sur Café IA. Bonne lecture et n'hésitez pas à partager ou répondre à ce mail si vous souhaitez échanger !

 


👀 LE REGARD DE... Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique

Accéder seul à la capacité d'opérer des choix technologiques est possible, mais pas toujours évident. Le faire en apprenant et en débattant les uns avec les autres peut étendre notre capacité à comprendre, choisir et agir. À travers Café IA, il s’agit d’abord de partager les questions que soulève notre relation à la technologie et d’en débattre. En ce sens, la première forme d’appropriation à rechercher est probablement celle des questions afférentes à la technologie. Notre conviction est que c’est à partir de la réunion des perspectives des uns et des autres dans une forme de conversation permanente que nous pourrons engager une relation à la technologie qui concilie au mieux nos volontés et nos impératifs, qu’ils soient individuels et collectifs. Nous avons beaucoup de solutions à trouver aux enjeux que soulève notre relation à la technologie. Et nous ne pourrons y parvenir autrement que par la voie la plus démocratique. C’est à cela que notre action devra toujours être ramenée.

Le président de la République a annoncé mardi charger le Conseil national du numérique de structurer un dispositif de débats démocratiques et de partage de ressources pédagogiques sur l’intelligence artificielle.

En cela, Café IA pourra s’inscrire dans la continuité de la démarche Itinéraires numériques et des travaux du Conseil pour la défense d'une relation au numérique empreinte d’écoute, de partage, d’entraide et de mise en capacité individuelle et collective. Ces deux dernières années, plus de 100 rencontres à travers la France ont permis de témoigner de la mobilisation de nombreux acteurs, offrant des lieux et des temps de formation et d’expression populaire, indispensables dans cette optique. Grâce à cette expérience, le Conseil national du numérique rejoint les acteurs de l’inclusion numérique pour faire de la culture numérique partagée un élément essentiel des dispositifs déployés. Une recommandation portée également par la Commission de l’IA et une exigence à laquelle s’emploient de nombreuses personnes et structures depuis des décennies.

Pourquoi est-ce important ?

Les chiffres appuient les témoignages recueillis ces dernières années. Le Baromètre du numérique 2023 pointe que la technologie est un vecteur de clivage fort au sein de la population - nous vous en parlions la semaine dernière dans Cénum. Fractures générationnelles, économiques, sociales, territoriales, sociologiques ou de genre, l’enjeu premier est que l’IA ne renforce ni ne répète les tensions liées au numérique. La révolution emportée par l’intelligence artificielle exige des réponses à la hauteur du défi, le premier d’entre eux étant de faire de la technologie un outil d’émancipation collective et individuelle. Il s’agit en cela de choisir la technologie qui nous permettra de nous détacher des logiques de domination, de détermination et de dépendance, et de faire valoir nos idées, en faveur de la démocratie. Il s’agit pour cela de rendre la technologie accessible, d’abord dans sa compréhension, et donc d’en faire d’abord un objet de décision accessible. Pour cela, il n’y a pas de solution magique. Mais nous pouvons penser qu’une mobilisation collective sera un point de passage obligé.

Café IA qu'est-ce que c'est ?

À travers la construction de ce dispositif d’ampleur nationale, nous visons toujours et encore à nous mettre au service de tous celles et ceux qui font. Tiers lieux, collèges, médiathèques, entreprises, associations, mairies… tous ces lieux où l'on se rend pour discuter, apprendre, travailler, expérimenter, poser des questions, rencontrer d’autres personnes… et bien souvent boire un café. À ce stade, mais sa construction devra nécessairement être ouverte, l’objectif peut être vu comme triple : s’écouter et se comprendre les uns les autres, partager des ressources pédagogiques et mettre à disposition de chacun les moyens d’agir.

Et maintenant ?

Tous ensemble, nous allons construire un dispositif pérenne et collectif qui a le potentiel d’être une innovation démocratique et populaire majeure. Nous sommes d'ores-et-déjà à pied d'œuvre, forts des contacts et des apprentissages de la démarche Itinéraires numériques. Mais aussi et surtout de tous vos retours et prises de contact ! Nous vous répondons dans la foulée.

Vous avez envie de participer à la préfiguration de Café IA ou avez des questions ? Vous portez des formats de formations ou de discussions autour de l’IA dans votre ville, département, région ou entreprise ? Une adresse unique pour contribuer et recevoir les actualités et prochaines étapes du dispositif : cafeia@cnnumerique.fr.

Un bureau ouvert pour échanger

Chaque semaine, prenons le temps de nous parler ! Inscrivez-vous en écrivant à cafeia@cnnumerique.fr pour recevoir un lien de connexion. Nous nous fixons pour l’instant les mardis suivants avec un nombre de personnes qui permette la discussion en ligne et espérons pouvoir en faire un rendez-vous régulier les semaines suivantes :

  • Mardi 28 mai de 13h30 à 15h.
  • Mardi 4 juin de 13h30 à 15h.
  • Mardi 11 juin de 13h30 à 15h.

On en parle :

  • Jean Cattan sur France Info TV dans L’info s'éclaire, à partir de 52 minutes et dans la première partie du Monde de Loison.
  • Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du Numérique, sur BFM Business.
  • « Emmanuel Macron veut faire de la France « un des pays champions de l’IA » » Le Monde.
  • « Intelligence artificielle : Macron promet un fonds d'investissement très significatif » La Tribune.
  • « Comment la France essaie de revenir dans la course à l'IA » Le Point.
  • « Intelligence artificielle : Emmanuel Macron annonce des investissements supplémentaires de l'Etat » France Info, Le Parisien, La Croix avec l’AFP.

🔎 La veille du Conseil

« La question que l’on devrait se poser n’est pas (seulement) de savoir si l’industrie de l’IA devrait être moralisée ou régulée, mais de décider démocratiquement si certaines technologies devraient tout simplement être développées ou déployées. » Dans le cadre de sa série “L’intelligence artificielle peut-elle nous remplacer ?”, La Croix publie une tribune du Juan Sebastian Carbonell. Alors que l’IA fait l’objet d’une forte régulation au niveau européen, le sociologue regrette que ces textes n’aient pas vocation à ouvrir un débat plus large sur l’utilisation de ces technologies, notamment autour de la question de leurs impacts sur le travail, mais au contraire de favoriser leur développement, les présentant comme « inévitable » et « nécessaire ».

Créer les conditions d’une IA capacitante au travail. Le LaborIA Explorer publie des résultats inédits sur les interactions humain-machine et les enjeux d’appropriation de l’IA dans le monde du travail. Un nouvel éclairage sur les conflits de rationalité entre une logique gestionnaire orientée vers l’optimisation et l’efficacité économique et une rationalité du travail incarnée par les travailleurs destinataires de l’IA qui soulèvent des préoccupations liées aux enjeux de reconnaissance, de savoir-faire ou encore de relations sociales. Le Labor IA préconise d’impliquer les travailleurs le plus tôt possible au processus d’innovation et de partir des revendications des travailleurs pour penser le rôle et la place de l’IA au travail.

« L’IA concentre le pouvoir dans les mains des géants de la tech. » - À l’occasion du salon VivaTech, Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal et cofondatrice de l’AI Now Institute, a donné une interview au Monde, rappelant que la recherche actuelle d’une IA toujours plus puissante renforce la concentration de pouvoir aux mains des plateformes et leurs modèles économiques. Pour remettre de la démocratie dans cette technologie et placer les utilisateurs au cœur du sujet, elle invite à développer et soutenir des modèles d’IA plus petits, en plaçant la protection de la vie privée des utilisateurs au centre de leur développement.

📬 Vous avez lu un article, écouté un podcast ou regardé une vidéo que vous souhaitez nous partager ? Ecrivez-nous à info@cnnumerique.fr 👋

🗓️ À VOS AGENDAS

Rendez-vous les 25 et 26 septembre à Chambéry pour la 7e édition nationale de Numérique en commun[s] ! Le Conseil est de nouveau partenaire de l’événement organisé par l’ANCT, aux côtés de l’ADEME, l’Arcom, la Banque des Territoires, la DINUM, la DNE, l’IGN, la Mednum et Open Data France. La billetterie vient d’ouvrir, inscrivez-vous dès maintenant ! « Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont dégradés par des algorithmes au service de leurs modèles économiques. Les usagers doivent s'unir pour passer du statut de marchandises à celui de clients. » En marge de l’édition 2023 à Bordeaux, Jean Cattan avait répondu aux questions de l’audioblog de Arte Radio. L’épisode est disponible et à écouter ici.

Comment des citoyens chinois racontent-ils leur rapport à la technologie et à la surveillance numérique ? Pour la 54e édition du cycle de rencontre ASDN, nous recevons Ariane Ollier-Malaterre, autrice de l’ouvrage Living with Digital Surveillance in China : Citizens’ Narratives on Technology, Privacy, and Governance (Routledge, 2024). Dans ce travail de recherche, la chercheuse française dresse un portrait détaillé du quotidien autant que de l’imaginaire de la surveillance et de la vie privée au sein du système sociopolitique chinois. Rendez-vous le 12 juin à 17h30 en ligne. Inscriptions.

🏃 En bref... Le reste de l’actualité du Conseil en 1 minute chrono !

Léa Mosesso, lauréate du prix du mémoire du Conseil a présenté ses recherches à l’occasion de la présentation du référentiel de l’écoconception des services numériques de l’Arcom et l’Arcep, en lien avec l’Ademe. L’occasion de remettre officiellement son mémoire à Marina Ferrari, secrétaire d’Etat chargée du Numérique !

« Le paramétrage [des réseaux sociaux] serait cet instrument juridique pour permettre aux utilisateurs de redessiner leurs interactions sur mesure. » À l’occasion de la sortie de l’ouvrage collectif Pour une nouvelle culture de l'attention, Célia Zolynski revient sur ce qui l’a amenée à développer et défendre un droit au paramétrage pour les utilisateurs, ses promesses et perspectives de concrétisation. ✦ Quelle importance revêt l’engagement des citoyens dans les efforts de lutte contre les pollutions ? Le Conseil a participé au lancement de la 3e saison de l’Accélérateur d’initiatives citoyennes. Une riche discussion pour mettre en lumière les multiples configurations possibles pour construire des politiques publiques. ✦ « La Commission ne peut pas ne rien faire. Démontrer l’utilité du DSA et du DMA est pour elle une nécessité absolue. Mais il y a une part d’opportunisme politique. On ne voit pour l’instant pas beaucoup de changements importants chez les grands acteurs du numérique concernés » estime Joëlle Toledano répondant aux questions du Monde quant à l’action de la Commission pour protéger la santé mentale face aux écrans. ✦ « La discrimination à l’égard des femmes entrepreneures dans l’IA est extrêmement préoccupante. » Tatiana Jama a donné un entretien à Le Revenu, sur les problèmes de diversité dans le management des entreprises, notamment dans le milieu de l’intelligence artificielle. ✦ Et si la régulation des écrans chez les plus jeunes passait par des villes favorables aux enfants ? Serge Tisseron revient sur la préconisation de la commission écrans de peupler l'espace public d'alternatives aux écrans pour les enfants.

Merci pour votre lecture et à la semaine prochaine !

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