Identifier des actions concrètes pour un usage serein des écrans

Les 3 et 4 avril, le Conseil intervenait à Rennes dans le cadre de l’événement Miroir-Miroir dédié aux pratiques numériques des adolescents. Dans un lieu d'expérimentation dédié aux cultures numériques, retour sur de riches échanges autour de l’économie de l’attention et de l’IA.

Miroir-Miroir, qu’est-ce que c’est ?

La semaine Miroir-Miroir est un événement rennais consacré aux professionnels qui interviennent auprès des enfants, des jeunes et de leurs parents et qui souhaitent partager et identifier des actions concrètes pour un usage serein des écrans. Après une conférence introductive de Séverine Erhel, co-autrice de "Les enfants et les écrans" et maîtresse de conférence en psychologie cognitive et ergonomie à l’université de Rennes, ateliers, débats et “petits déjeuners numériques” interactifs se sont succédés pendant 5 jours, réunissant associations, élus de la ville de Rennes, radios associatives et animateurs numériques.

L’événement était organisé en plein cœur de Rennes au sein de l’Édulab Pasteur, un lieu partagé entre un hôtel, une école maternelle et un tiers lieu. Un espace où l’on peut jouer et expérimenter avec des jeux vidéos indépendants, échanger après le visionnage d’une exposition sur la science fiction ou encore créer via des équipements de 
broderie numérique.

L'affiche de l'événement miroir miroir     L'escalier conduisant à l'édulab pasteur, décorré d'une fresque

 


 


 

 

 

 

Éducation aux médias et économie de l’attention

C’est parti pour le 1er jour ! Après un petit-déjeuner numérique autour de la question du jeu et des écrans pour les enfants de moins de 6 ans et à côté d’un groupe de paroles sur la parentalité numérique, le Conseil a animé un atelier avec Morgane Soularue, journaliste et animatrice au sein de la radio locale et associative Canal B qui a vu le jour à Rennes en 1984. La radio a notamment pour mission d’élaborer et d’accompagner des projets pédagogiques d'éducation aux médias au sein de structures éducatives, universitaires ou socio-éducatives. Une façon d’apprendre les bases du journalisme et de la radio, de développer son esprit critique et d’adopter de meilleures pratiques de consommation de l’information et du numérique. En présence d’animateurs en collège et lycée, l’atelier était l’occasion de croiser des retours d’expérience d’ateliers d’éducation aux médias et à l’information avec les travaux du Conseil sur l’économie de l’attention et la construction des savoirs. Au cœur des échanges, l’émergence des intelligences artificielles génératives et leurs impacts sur le métier de journaliste.

En début d’après-midi, Lucile Develay, élève en terminale au lycée Brizeux à Quimper et membre du Conseil régional des jeunes de la région Bretagne, a présenté la démarche de débat sur l’économie de l’attention menée depuis septembre en partenariat avec le Conseil. Elle est notamment revenue sur une séance de porteur de paroles qu’elle a organisée de manière autonome au sein de son lycée en février, autour de la thématique de l’intelligence artificielle. Les discussions qui ont suivi sa présentation ont souligné l’importance d’une telle démarche dans l'apaisement des relations entre élèves et avec la direction de l’établissement. De longs échanges qui ouvrent la perspective à l’organisation de futurs porteurs de paroles dans la région !

Plusieurs participants échangent autour d'une table

Le porteur de paroles, qu’est-ce que c’est ? Relisez notre article “Débattre et faire débattre du numérique avec des lycéens bretons.

De nombreux acteurs bretons œuvrent à l’éducation et à la création numérique comme l’association Elektroni[k] dédiée à la création artistique dans les domaines du son, de l’image et des nouveaux médias, ou l’association 3 Hit Combo qui vise à l’éducation culturelle à travers le jeu vidéo.

Comment parler IA à l’école

Des participants à un atelier, sur leurs ordinateurs
Les participants à l’atelier expérimentent des IA génératives


Jeudi 4 avril, retour à l’Édulab pour un atelier sur les usages des intelligences artificielles (IA) génératives en milieu scolaire, co-animé avec Guillaume Viniacourt, coordinateur territorial numérique éducatif pour Réseau canopé Bretagne. Les participants ont d’abord été invités à partager en quelques mots leur vision des IA génératives via un outil participatif mis à disposition pendant l’atelier et disponible ici. Si le “flou”, la “méconnaissance” et le besoin d’encadrement ont pu être cités, c’est surtout la notion de curiosité qui prédomine vis-à-vis de telles technologies.

Nuage de mots après un sondage sur la question "quelle est votre appréhension/vision de l'IA générative ?", avec la réponse "curiosité" en premier plan

À l’issue d’un temps d’expérimentation collectif d’IA génératives de textes et d’images, la même question qu’au début de l’atelier est posée aux participants : quelle est votre appréhension des IA génératives ? Et cette fois-ci, ce sont les notions “meilleure” et “éclairée” qui reviennent avec le besoin d’expérimenter, de mettre en place des ateliers, des moments de réflexion, dans des espaces du quotidien, à l’école comme dans des cafés.

Sondage collectif indiquant "qu'envisagez-vous mettre en place dans votre structure ?", avec la réponse "café"
Mettre en place des cafés pour parler collectivement de technologie et d’IA

👀 Le mot de la fin de Lydie Pierret, responsable de l’Édulab Pasteur à la ville de Rennes

Soutenir et former les acteurs de l'éducation et l'animation. Si les questions de l'inclusion numérique, de la résorption des inégalités de genre, social et de l'innovation pédagogique étaient a priori les missions premières de l'édulab Pasteur,  il nous est apparu très vite que la question de l'accompagnement et de la formation des acteurs de l'éducation et de l'animation était au cœur de la problématique d'éducation au numérique. Nous sommes toutes et tous désemparés : parents, animateurs, éducateurs, enseignants… entre "panique morale" et "béatitude numérique".  Il nous est renvoyé d'un côté l'impérieuse nécessité du tout numérique, mais le discours médiatique et politique actuel critique à chaque instant notre rapport aux écrans, plus encore celui de nos enfants et adolescents. Comment peut-on leur reprocher leur durée de connexion quand la plupart des outils éducatifs ont subi le rouleau compresseur de la digitalisation ? Pour sortir de cette injonction paradoxale, il est impératif de donner les clés de compréhension aux acteurs de l'enfance et la jeunesse pour effacer l'écran de fumée que constitue ce haro sur les écrans. On oublie, en effet, l'essentiel : derrière chaque enfant, chaque adolescent qui est repéré comme ayant un rapport problématique aux écrans, analysons, avant de moraliser et sanctionner, tout d'abord leur contexte, leurs ressentis et leurs besoins. Revenons à ce qui fait le cœur de nos métiers, à savoir l'approche éducative et la compréhension des vulnérabilités et fragilités de ces enfants. Un rapport repéré comme problématique aux écrans est d'abord un symptôme avant d'être la cause d'un mal être.


Pour aller plus loin : lire notre article Café IA : pour un dispositif collectif d’appropriation de la technologie.

Pour accéder à l’ensemble des ressources de l’atelier, c’est ici et ici.

Encore merci aux équipes organisatrices de cette journée pour leur accueil et ces riches échanges, notamment Yoann Boishardy et Lydie Pierret.
 

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