Les associations, premiers réseaux sociaux bretons depuis 1901 ?

Bonjour, nous sommes le vendredi 26 avril 2024 et voici votre moment pour prendre le temps d’interroger notre relation au numérique. Cette semaine, direction la Bretagne et ses nombreux réseaux (très) sociaux. Bonne lecture et n'hésitez pas à répondre à ce mail si vous souhaitez échanger ou le partager !

💡 La question de la semaine : Les associations, premiers réseaux sociaux bretons depuis 1901 ?

Pour mettre en avant les liens sociaux que tisse l’écosystème associatif breton, la Région Bretagne a organisé un concours de photographie “Les associations, premiers réseaux sociaux depuis 1901 ?” dont les lauréats viennent d’être annoncés. Des associations, la région Bretagne en compte 75 000 actives et plus de 700 000 personnes s’engagent bénévolement dans ces collectifs qui s’efforcent chaque jour de renouer les liens entre habitants, à la ville comme à la campagne. Un tissu riche et dynamique, dont le Conseil a pu témoigner - à plusieurs reprises à Brest, Rennes, Quimper ou encore Concarneau dans le cadre d’Itinéraires numériques. A chaque fois il s’agissait d’échanger avec des communautés engagées pour aborder les questions qui se posent en lien avec le numérique. A commencer par la question de savoir comment mobiliser les citoyens et envisager différemment l’action publique dans une société numérisée ?

Ainsi, sous l’impulsion de Pierre Jannin, conseiller municipal de la ville de Rennes et délégué au numérique et à l’innovation, la ville de Rennes s’est dotée d’une instance du numérique citoyenne et pionnière : le Conseil citoyen du numérique responsable (CCNR). Composé de 20 citoyens tirés au sort, représentatifs de la population rennaise en termes de parité de répartition par quartiers, de catégories socio-professionnelles, ce conseil a pour mission d’éclairer la décision publique et les citoyens sur les enjeux du numérique responsable. Les sujets traités sont proposés par la ville ou choisis par les citoyens du CCNR eux-mêmes. Les avis rendus s’intéressent aux démarches administratives dématérialisées, aux effets du numérique sur la santé mentale des jeunes et plus récemment à la place de l'intelligence artificielle dans la vie des Rennaises et des Rennais.

Explorer la construction d’une politique associant collectivité et forces vives du territoire pour répondre au mieux aux attentes de l’ensemble des acteurs impliqués dans les politiques numériques locales, c’est d’ailleurs l’objectif de l’événement [NET] “Numérique en territoire”, dont la première édition s’est tenue à Concarneau en juin dernier, à l’initiative du tiers lieu d’innovation sociale Konk Ar Lab, Concarneau Cornouaille Agglomération, la Coop des Milieux et Bretagne Transition.

De la ville à la région, cette démarche de participation citoyenne est également au cœur de la mission du Conseil régional des jeunes (CRJ) de Bretagne. Depuis septembre, nous avons le plaisir d’accompagner une commission de lycéens élus par leurs pairs pour débattre et faire débattre sur l’économie de l’attention. Lucile Develay, élève en terminale au lycée Brizeux à Quimper et membre du CRJ, revient dans une vidéo sur une séance de porteur de paroles qu’elle a organisée de manière autonome au sein de son lycée en février, autour de la thématique de l’intelligence artificielle. Elle insiste notamment sur le besoin de comprendre les enjeux et d’aller vers ceux qui sont potentiellement éloignés du débat.

Dans le cadre du CRJ, c’est actuellement la Coop’ Eskemm, une coopérative de recherche et d’animation spécialisée dans les politiques de jeunesse qui est en charge de l’animation. Pour valoriser la démarche et légitimer cette démarche, contact a été pris avec Canal B, une radio associative qui élabore et accompagne des projets pédagogiques d'éducation aux médias au sein de structures éducatives, universitaires ou socio-éducatives.

Faire réseau en Bretagne, et ailleurs, une démarche collective d'appropriation de la technologie  indispensable. De la ville à la région en passant par l’association ou le café de quartier et des près de 800 structures de médiation numérique, à Saint Brieuc, à Lorient, à Quimper, à Rennes, à Brest et partout ailleurs en Bretagne, les acteurs se mobilisent pour partager leurs ressources et construire ensemble. Il y a deux semaines, nous étions de retour à Rennes pour participer à la semaine Miroir-Miroir dédiée aux pratiques numériques des adolescents. L’Édulab Pasteur est un de ces lieux d’expérimentation dédié aux cultures numériques où se mêlent médiateurs, professionnels de l’éducation, association dédiée à la création artistique ou à l’éducation culturelle à travers le jeu vidéo. Entre un petit-déjeuner numérique autour de la question du jeu et des écrans pour les enfants de moins de 6 ans et un groupe de paroles sur la parentalité numérique, nous avons le plaisir d’y animer un atelier sur les pratiques numériques des adolescents et plus spécifiquement les questions d’IA et d’économie de l’attention aux côtés de l’atelier Canopé 35 de Réseau Canopé.

Comment soutenir et pérenniser cette mobilisation collective au profit d’un enrichissement du débat public et l’opportunité de toucher le plus grand nombre ? Comment renforcer les liens entre les parties prenantes institutionnelles, éducatives et associatives, voire privées ? Comment soutenir ces communautés en ressources et en moyens financiers, humains ou de visibilité ? Les échanges se poursuivent, en vue notamment d’un Numérique en commun[s] breton dans les prochains mois, auquel le Conseil participera avec plaisir !

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👀 LE REGARD DE Agathe Guillet, chargée de mission inclusion numérique au Hub Bretagne

« Pour répondre aux enjeux d’éloignement numérique et d’accès aux droits des habitants, plusieurs intervenants (médiateurs numériques, travailleurs sociaux, bibliothécaires, secrétaires de mairie...) entrent en jeu dans un parcours d’inclusion numérique. Ces différents intervenants doivent se connaître, se rencontrer et articuler leur action.
Afin de faciliter cette interconnaissance, le Hub Bretagne pour un numérique inclusif déploie le diagnostic PORTREA dans chaque intercommunalité bretonne volontaire depuis 2023.  PORTREA est un diagnostic territorial coopératif qui permet d’estimer sur un territoire donné le nombre de personnes en fragilités socio-numériques et les personnes confrontées à des démarches e-administratives complexes. PORTREA met en regard ces effectifs avec l’offre réellement existante d’aide e-administrative et numérique sur le territoire. Cette analyse est co-construite lors d’une journée collaborative rassemblant l’ensemble des acteurs.
Aujourd’hui une 20aine d’intercommunalités bretonnes ont mis en place PORTREA. Autant de territoires sur lesquels des dynamiques de coopération se sont consolidées. Une 10aine d’intercommunalités supplémentaires déploieront PORTREA ces prochains mois. »

Pour aller plus loin :

• « En conseil municipal et métropolitain, nous avons voté cette stratégie soulignant que le numérique est une politique publique sectorielle à part entière, distincte des problèmes d’ordinateurs, de connexions, de logiciels. » Dans Horizons publics, Pierre Jannin revient sur les trois ans d’existence du Conseil citoyen du numérique responsable.
• Terrain d'aventures : repenser la place des enfants en ville. En s’appropriant les parcs et autres espaces publics, l’association L’Allumette s’approprie et construit depuis 2021 des espaces de bricolage et d'activités libres et interroge la place laissée aux enfants dans les villes. Alors que les enfants ont de moins en moins leur place dans l’espace public et que le temps d’écran de ces derniers agite de plus en plus, il est intéressant d’interroger leur capacité à se réapproprier la ville. À écouter ici.

🔎 La veille du CNNum

Comment lutter contre les manipulations de l'information en ligne ? L'excellent podcast le Collimateur d‘Alexandre Jubelin revient sur l’émergence et les missions de Viginum, le service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, avec son directeur, Marc-Antoine Brillant. Pourquoi Twitter/X représente aujourd’hui un terreau idéal pour diffuser des fausses informations ? À écouter ici.

« Il est urgent d’inventer un nouvel art de vivre avec les technologies qui préserve notre lien au vivant et notre soif d’altérité. » - Le 1 hebdo dédie son nouveau numéro à l’intelligence artificielle, comprenant notamment un long entretien avec l’auteur de science-fiction Alain Damasio, qui pour préparer son nouvel ouvrage Vallée du silicium, a passé quelques mois autour de San Francisco, au cœur de la Silicon Valley. Un ouvrage qui appelle à « inventer un art de vivre avec les technologies, à imaginer une relation équilibrée avec l’IA, à penser un monde qui n’aurait pas renoncé au vivant, à l’empathie, à l’altérité ou à la convivialité » décrit le journaliste Julien Bisson dans le Zakouski du numéro.

Que ressent-on quand son image est utilisée par un deepfake ? Alexandria Ocasio-Cortez raconte à RollingStone ce que lui fait l’utilisation de l’IA pour nuire de son image et la loi sur laquelle elle travaille. Une plongée dans le quotidien d’une femme publique aux États-Unis et dans l’histoire de la manipulation de l’image, accélérée par l’IA.

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🗓️ À VOS AGENDAS

D’une femme de lettres à un monde de lignes de codes, quel regard sur le langage, la culture et la représentation graphique ? On en parle le 2 mai avec Nathalie Azoulai. Pour la 53e édition de notre cycle de rencontre co-organisé avec Renaissance numérique, nous avons le plaisir de recevoir Nathalie Azoulai, pour échanger autour de son livre Python. Dans ce nouvel ouvrage, elle s’intéresse au code informatique, à ce “millefeuille de signes qu’est la révolution numérique”. Venez en discuter le 2 mai avec nous en vous inscrivant ici.

🏃 EN BREF ... Le reste de l’actualité du Conseil en 1 minute chrono !

« Notre slogan : osez soulever le capot de la machine ! » Fin mars, nous étions à la Maison de l'intelligence artificielle à Sophia Antipolis et avons pu échanger avec sa directrice Isabelle Galy pour évoquer l’appropriation par le plus grand nombre aux enjeux portés par l’IA. Un entretien à lire ici. ✦ Dans C Politique sur France 5 dimanche dernier, Gilles Babinet a rappelé le besoin de réguler les plateformes dominantes, qu’elles soient américaines ou chinoises, et le rôle que doivent jouer les États dans cette régulation. ✦ Que peut-on attendre du DSA et du DMA ? Joëlle Toledano donne une conférence au centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal le 1er mai à 18h. Inscription. ✦ « Si nous ne cherchons pas à refaire société, à nous recréer une destinée collective, il sera impossible de mener toutes ces transitions technologiques comme environnementales. » Dans une tribune pour Les Échos, Gilles Babinet revient sur les angoisses qui entourent le développement de l’IA : perte du travail, montée du populisme, déconnexion des élites… À lire ici. ✦ Comment l’IA modifie notre rapport au langage, à notre pensée et à nos démocraties ? ✦ Dans un entretien pour Marianne, Anne Alombert présente son nouvel ouvrage “Le capital que je ne suis pas”, cosigné avec l'économiste Gaël Giraud. ✦ Anne Alombert co-organise également un colloque international le 27 mai prochain à Paris 8. ✦ « Quand il y a du numérique, il y a un regain du besoin pour un lien social. » Pour France Info, Jean Cattan appelle à développer les moyens accordés par les plateformes aux questions de modération, pour à la fois mieux lutter contre la propagation de contenus particulièrement toxiques, mais également pour mettre en place des systèmes de recommandations de contenus contributifs. Une interview retranscrite ici par Radio France.

👋 Avant de partir

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Comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire vos retours. Et comme vous l’aurez probablement remarqué, nous faisons évoluer petit à petit le format de notre lettre d’information. Vous avez des questions, des remarques ou des suggestions ou vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ? Nous sommes à votre écoute ! n’hésitez pas à répondre à ce mail ou à nous écrire à info@cnnumerique.fr

Cette lettre d’information a été préparée par Gabriel Ertlé et Agathe Bougon, avec le soutien de Joséphine Hurstel et illustrée par Magali Jacquemet.