Cénum - La lettre du Conseil #30 - En route vers une société de surveillance ?

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L’équipe en action pour cette 30e édition de Cénum ! 

L’actualité du Conseil

  • Le Conseil publie aujourd’hui sur son espace Paroles de l’entretien que nous avons eu avec Juan Sebastian Carbonell. Sociologue du travail et auteur de Le Futur du Travail, il dément l’idée d’une fin du travail qui empêche, selon lui, d’analyser les transformations que ces outils causent quotidiennement. 
     
  • Invité de l’émission Distances inconnues sur VL, Jean Cattan est revenu sur les enjeux du rachat de Twitter par Elon Musk. Il a rappelé qu’aucune entité n’aura seule les moyens de défendre la démocratie sur les réseaux sociaux et qu’il importe d’inclure la recherche et la société civile dans leur régulation.
  • Dans une tribune pour Les Echos, Gilles Babinet appelle à “instituer largement une culture du partage, où la collaboration et les principes de coconstruction deviendraient la règle plutôt que l’exception” et à généraliser le recours à l’open source au sein de la sphère publique, considérant l’open source comme le moyen de "démocratiser notre culture numérique”.

  • À la suite de notre déplacement à Toulouse, Eric Salobir est revenu pour TOULECO sur les travaux du Conseil dédiés aux interactions humain-machine dans le monde du travail. Considérant que la robotique peut être la source de mal-être et de frictions, il insiste sur la nécessité de mettre la technologie au “service d’un projet de société avec l’humain au centre” pour que la machine reste bien un appendice de l’homme et pas l’homme un appendice de la machine. 

  • Il faut protéger la neutralité du net - Joëlle Tolédano réagit à la proposition d’élaborer une contribution des grandes entreprises du numérique aux réseaux télécom et explique dans Les Echos qu’il est préférable que les autorités européennes définissent des mécanismes incitatifs pour  réduire l’impact énergétique des activités des prestataires de services. 
     
  • En réponse à notre appel à contributions lancé via  notre ouvrage Civilisation numérique, le podcast NIPEDU a consacré sa dernière émission à “ce que le numérique [ne] fait [pas] à l’école”. Il note ainsi que l’usage du numérique peut créer des inégalités entre ceux qui en maîtrisent les outils et les autres. Interrogeant le rôle de l’école, la discussion s’est conclue sur la nécessité de faire du numérique un support de développement de nouveaux savoirs. 
     

De la fiction à la réalité, en route vers une société de surveillance ?
 

  • Warning ! Dans son rapport d’activité annuel, la CNIL indique que 83% des plaintes reçues en 2021 concernaient la surveillance des salariés. Un nombre à corréler avec le recours croissant à des dispositifs de surveillance dans le cadre du télétravail, selon Pablo Maillé, journaliste chez Usbek&Rica. Au-delà de la surveillance au travail, la CNIL note une tendance de “vidéosurveillance mise en œuvre par des particuliers”, dont la commission craint qu’elle s’étende aux nouveaux espaces virtuels comme les métavers. 
     
  • Réguler ou re-réguler ? - En réponse à la consultation de la CNIL relative aux conditions de déploiement de caméras “intelligentes” dans les espaces publics, Renaissance Numérique juge inutile de recourir à des lois spéciales pour encadrer ce déploiement, dont l’unique vocation serait de “contourner la compétence des régulateurs en place”. Le think tank appelle par ailleurs à investir le champ de la standardisation pour empêcher que ces technologies ne nuisent à nos droits et libertés fondamentales. La Quadrature du net a, quant à elle, lancé le 24 mai une plainte collective contre le recours à ces technologies. 
     
  • Une expérimentation qui fait grincer des dents. Dans un rapport publié le 11 mai, le Sénat propose d’établir un cadre d’expérimentation de la reconnaissance faciale dans l’espace public. En réponse, l’Observatoire de l'Éthique Publique insiste dans une note sur l”'impératif de ne pas concevoir l’expérimentation comme un préalable à l’inscription de la reconnaissance faciale dans la loi, et de ne pas chercher à favoriser artificiellement l’acceptabilité de ces dispositifs”. Considérant que la question de l’utilité de cette technologie doit être au cœur des réflexions, il propose d’instituer une convention citoyenne pour un usage éthique des technologies numériques. 
     
  • Plongée dans la République de Gilead ? Au début du mois, Politico faisait fuiter l’avant-projet de décision de la Cour suprême américaine qui annulerait l’arrêt Roe c. Wade, aujourd’hui garantie constitutionnelle du droit à l’avortement aux Etats-Unis. Craignant un scénario à la Handmaid’s Tale, une série télévisée américaine, de nombreuses organisations mettent en garde contre le développement des technologies de reconnaissance faciale et des applications de e-santé dans ce contexte. Ces dernières pourraient en effet être utilisées comme dispositifs de suivi des personnes souhaitant recourir ou s’informer sur l’avortement. Déjà en 2017, des procureurs s’étaient appuyés sur la recherche en ligne d’une femme, qui concernait l’achat de pilules abortives en ligne, pour l’accuser du meurtre de son foetus mort-né. 
     
  • Des outils juridiques à l’acceptation générale. Que ce soit pour limiter la transmission de la Covid-19 ou identifier des manifestants, les technologies de surveillance sont devenues des outils-clés pour nos gouvernements. Dans le cadre de l’événement “Comprendre le numérique organisé à Genève,  Frédéric Bernard, professeur de droit à l’université de Genève, a partagé ses inquiétudes quant à la protection des droits de l’Homme au regard de l’utilisation de ces technologies. Il s'inquiète particulièrement de l’acceptation générale des citoyens à l’égard de ces dispositifs, légitimés par un impératif terroriste ou encore un solutionnisme technologique. Notant que les gouvernements disposent des outils juridiques pour créer un équilibre avec le droit à la vie privée, il craint que nous nous appuyions davantage sur “l’automatisation [...] des machines” dans les années à venir, entraînant de facto de nouveaux dangers tels que les biais cachés des algorithmes. 

On recrute ! 

  • Le Conseil recrute ses prochains stagiaires, un.e rapporteur.e et un.e chargé.e de communication, pour rejoindre l’équipe à la rentrée ! Intéressés par le numérique et les politiques publiques, vous avez envie de contribuer à une mission au cœur de l'actualité ? N’hésitez plus et envoyez vos CV à recrutement@cnnumerique.fr. Toutes les infos ici.

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