Cénum - La lettre du Conseil #32 - Le numérique utilisé à des fins politiques
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Le Conseil s’investit pour ouvrir le débat sur notre relation au numérique!
Les Itinéraires numériques sont officiellement lancés ! Le communiqué annonçant la démarche est disponible ici et Jean Cattan a eu l’occasion de présenter ce travail au micro de Frédéric Simottel sur BFM Business.
Pour la première étape, une partie de notre équipe a arpenté la Gironde. Au programme : un débat autour de la violence en ligne à Sainte-Foy-la-Grande, des échanges avec les élèves du collège Nelson Mandela à Floirac, des visites de tiers lieux, d’un FabLab à Bègles et une rencontre avec des bénéficiaires et bénévoles d’un dispositif de rupture de l’isolement à la Réole.
Quels premiers enseignements, en attendant une restitution extensive ?
- Tout d’abord, il y a une vraie appétence pour le débat sur les enjeux numériques. Alors osons ouvrir le débat pour partager nos interrogations, réflexions et expériences !
- Ce qui implique d’adopter une posture d’écoute indispensable. Beaucoup des appréhensions et des critiques que nous avons retenues découlent d'une absence d'interlocuteur représentant l'Etat à portée de voix. Misons sur la présence et le dialogue.
La seconde étape a eu lieu à Colombelles ! A cette occasion, nous avons assisté à un atelier de formation à la création audiovisuelle, organisé par le Wip : un véritable outil d’affirmation et de mise en capacité des citoyens. Nous avons également échangé sur la structuration de l’écosystème numérique normand en matière d’inclusion.
Que retirer de cette expérience ? Outiller les citoyens, c'est leur permettre de comprendre les mécanismes de construction et de diffusion de l'information, de développer une réflexion sur ces enjeux, de s'affirmer, de participer au débat d'idées.
Les prochaines étapes :
- Le 6 juillet : Saint-Omer (rencontre avec des publics mobilisés par Pôle Emploi puis échanges avec des élus et médiateurs en partenariat avec La Station).
- Du 9 au 12 juillet : Avignon (conférences organisées par le Grenier à sel et suite à la pièce Coupures dans le cadre du Festival, conseils citoyens, accompagnement du tiers lieux Avenir 84 en pied de cité).
- Le 18 juillet : La-Roche-sur-Yon (débat citoyen sur la grand place de la ville en partenariat avec le café numérique mobile Germaine).
- Le 22 juillet : Aulnay-sous-Bois (accompagnement d’un camion de services publics en pied d’immeuble en partenariat avec les Maisons de l’Emploi).
- Semaine du 25 juillet : Grasse et Draguignan (accompagnement du tiers-lieu SCIC TETRIS et rencontre avec des enfants de 10 à 13 ans dans le cadre d’une colonie apprenante, échange autour des jeux vidéos avec des adolescents en partenariat avec MODE 83).
Nous y étions également
Retour sur la Digital Assembly ! Les 21 et 22 juin, le secrétariat général a participé à l’Assemblée numérique européenne organisée par le Présidence française de l’Union européenne à Toulouse. Les débats ont notamment porté sur les métavers, les communs numériques, l’empreinte environnementale du numérique et sur les investissements dans les infrastructures numériques en Ukraine. Retrouvez les replays du premier et deuxième jour ! Bravo à la présidence française de l’Union européenne pour cette présidence "unanimement saluée” (à lire dans Les Echos)!
De la Digital Assembly aux Itinéraires numériques, ces deux dernières semaines ont été particulièrement représentatives des actions du Conseil. De communes en communs, Jean Cattan en parle ici.
Nous retenons particulièrement les interventions de :
- Henri Verdier, ambassadeur pour le numérique, qui appelle dans le rapport accessible ici à la création d’une fondation pour les communs numériques.
- Mikhailo Fedorovo, ministre de la Transformation numérique de l’Ukraine, de Gulsanna Mamedieva, représentante de l’Ukraine, et de Thierry Breton, commissaire européen qui se sont accordés sur la nécessité de continuer à assurer la résilience du secteur numérique ukrainien.
Le 28 juin, Serge Tisseron s’est penché sur la question “Quel métavers voulons-nous construire ?” avec Aurélie Leduc - productrice à Atlas V, Jean-Gabriel Guillet - Head du Web3 chez Brut, et de l’artiste Sabrina Calvo, à l’occasion du Forum de la création numérique. Pour lui, il importe que les environnements virtuels immersifs interactifs (expression que l’on préférera à celle de métavers quand cela nous est permis) ne “reproduisent pas les fragilités et impasses qui sont celles des réseaux sociaux”.
Propagande, memes, militantisme…Retour sur les usages du numérique à des fins politiques !
Dans la continuité des élections législatives, nous nous sommes intéressés à l’usage du numérique à des fins politiques et militantes.
- La stratégie de “suppression des électeurs” en question. Fréquemment utilisée par l’alt-right américaine, cette stratégie consiste à “susciter une abstention massive [...] ou un vote barrage à l’encontre d’un candidat, en rendant le vote pour ce candidat émotionnellement désagréable voire insupportable.”. Une stratégie prisée par les candidats à la présidentielle et aux législatives de 2022. David Chavalarias, Victor Chomel et Maziyar Panahi s’accordent sur le fait que ce mécanisme perd de son efficacité lorsqu’il est connu des électeurs et que son effet reste encore largement inconnu.
- Qui “meme” me suive ! Dans cet épisode du podcast “Affaires en cours”, François Jost, sémiologue, revient sur ce nouveau langage numérique fait d’images et de textes. Originellement partagés pour faire rire, il souligne que leur usage a évolué pour endosser une dimension plus politique. Il note qu’ils peuvent renforcer la visibilité d’un candidat ou contribuer au soft-power d’un Etat.
- Les réseaux sociaux comme caisse de résonance des causes féministes. Dans un article pour l’INA, Josiane Jouët, professeure spécialisée dans les processus d’appropriation des TIC, note que l’engagement féministe en ligne, bien que fragmenté, participe d’un “mouvement social pour l’émancipation des femmes”. Les réseaux sociaux sont devenus pour elle des moyens pour inciter les médias traditionnels et les politiques à se saisir d’un sujet, comme par exemple la campagne #MeToo.
Et l’environnement dans tout ça ?
- Nous parlons beaucoup de problématiques liées au numérique, mais au fond, le secteur numérique existe-t-il ? Telle est la question que s’est posé Gauthier Roussilhe, d’un point de vue environnemental. Constatant la difficulté à évaluer l’empreinte du numérique, il propose de définir une nouvelle méthode de calcul fondée sur deux axiomes : le premier serait que "le secteur numérique est une composante primaire (enabler) de tous les autres secteurs économiques". Le second quant à lui serait que le secteur numérique et la numérisation “forment un même continuum dont il faut déterminer les effets environnementaux par service / secteur / territoire”. Une idée forte qui fait écho à une intervention de Gilles Babinet en octobre 2020 (à partir de 1h50) : “le numérique est un facteur incident sur l’ensemble de la production de la planète (...) on ne peut pas isoler un facteur de production (...) tous ces systèmes sont interdépendants”.
- Pour décarboner, commençons par informer ! Voici la mesure préconisée également par Gilles Babinet. L’idée : “afficher, pour tout produit ou service, la quantité qu’il a fallu pour le produire”. Cette proposition pourrait poser les bases d’un passeport numérique qui permettrait de mieux ajuster la taxe carbone sur les produits passant les frontières de l’Union européenne.
A venir
La Human Technology Foundation remettra le 11 juillet son rapport “L’investissement responsable dans la technologie” à François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France. Visant à aider à évaluer l’impact sociétal et environnemental du numérique, une table ronde se tiendra par la suite avec des investisseurs (pour s’inscrire).
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