CP - Suite à la résolution du Parlement UE visant à agir sur les interfaces addictives

Résolution du Parlement européen visant à agir sur les interfaces addictives de certaines grandes plateformes : des avancées en écho avec les travaux du Conseil national du numérique, qui poursuit sa réflexion sur l'ouverture des réseaux sociaux.

 

Paris, le 27 octobre 2023 - Un an après l’adoption du règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act), la résolution du Parlement européen visant à agir sur les interfaces addictives de certaines grandes plateformes a franchi une première étape en commission avant son adoption en séance plénière. Le Conseil national du numérique se réjouit de cette mobilisation du Parlement européen visant à ce que la Commission européenne intègre dans son contrôle des très grandes plateformes les effets néfastes que peuvent avoir les interfaces addictives. 

La lutte contre les effets néfastes du modèle économique des grandes plateformes est au cœur du règlement européen sur les services numériques. En témoignent la possibilité pour l’utilisateur d’avoir un flux de recommandation alternatif ne reposant pas sur le profilage, l’obligation d'explication par les plateformes des paramètres de leurs systèmes de recommandation, la prohibition des interfaces trompeuses ou encore l’interdiction partielle de la publicité fondée sur le profilage. 

Mais surtout le Parlement européen insiste sur la nécessité, inscrite dans le règlement européen, d'examiner si les interfaces des plateformes sont un facteur de propagation des risques systémiques dont les très grandes plateformes peuvent être porteuses et le cas échéant, d'aller jusqu'à imposer des mesures correctives sur les interfaces elles-mêmes. Il encourage ainsi la Commission européenne à prendre en compte cette dimension du problème, ce à quoi le Conseil appelait dès la publication de son rapport sur l'économie de l'attention en début d'année 2022.

Qui plus est, la proposition de résolution portée par l’eurodéputée Kim Van Sparrentak prolonge ces réflexions en appelant la Commission à explorer l’opportunité d’ouvrir l’infrastructure des réseaux dans le but d’offrir la possibilité à l’utilisateur de configurer son expérience. Une avancée vers une plus grande liberté laissée à l’utilisateur, qui fait également écho aux travaux du Conseil sur l’économie de l’attention et la consécration d’un droit au paramétrage, que ce soit sur la plateforme elle-même ou par le jeu d'applications tierces. 

Anne Alombert, co-pilote des travaux du Conseil national du numérique sur l'économie de l'attention : "La protection des usagers contre les interfaces addictives constitue un premier pas qui nous engage à imaginer des réseaux sociaux vraiment sociaux, au sein desquels les utilisateurs puisse devenir libres de leurs choix et de leurs conduites, et non plus cibles des recommandations algorithmiques et de la publicité personnalisée."

Olga Kokshagina,  co-pilote des travaux du Conseil national du numérique sur l'économie de l'attention : "L'utilisation sophistiquée des données et le déploiement des intelligences artificielles génératives remettent potentiellement en question notre manière d'apprendre et d'allouer notre attention, modifiant les mécanismes de captation de l'attention. Il est essentiel de soutenir les chercheurs et les régulateurs dans le développement des outils nécessaires pour analyser les effets de l'utilisation de ces plateformes sur notre capacité d'attention. Cela permettrait de prendre des mesures visant à rendre aux utilisateurs leur autonomie, en respectant leur bien-être, indépendamment des considérations de rentabilité."

Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique : “La résolution du Parlement européen en cours d'adoption reconnaît l’importance qu’ont les interfaces des réseaux sociaux notamment dans la capture de l’attention des utilisateurs avec tous les effets délétères qui s’en suivent. Intégrer cette question dans l’analyse des risques véhiculés par les très grandes plateformes est un enjeu de premier plan auquel la Commission européenne doit se montrer désormais plus que sensible.”

VOTRE ATTENTION S’IL VOUS PLAÎT ! LE CONSEIL PROPOSE DES LEVIERS ET ORGANISE DES TEMPS D’ÉCHANGE

Le Conseil national du numérique a publié en janvier 2022 un ouvrage intitulé “Votre attention, s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de l’attention ?”. Piloté par Anne Alombert et Olga Kokshagina, ce dossier étudie les mécanismes par lesquels l’attention des utilisateurs peut être capturée par certaines très grandes plateformes avec de nombreux effets délétères sur l’activité psychique, les relations sociales ou encore l’environnement.

Pour y répondre, le Conseil national du numérique identifiait alors plusieurs leviers dont :

  • La consécration d’un droit d’être informé sur les dispositifs de captation attentionnelle ;
  • La mise sur pied d’une politique européenne permettant de lutter contre les risques qu'entraînent les modèles d’affaires relevant de l’économie de  l’attention ;
  • La reconnaissance d’un droit de paramétrer les contenus et les émetteurs ;
  • La sanction des designs abusifs et trompeurs.

Lire le dossier.

L’OUVERTURE DES RÉSEAUX SOCIAUX : NOUVEAU CHAMP D’ÉTUDE DU CONSEIL NATIONAL DU NUMÉRIQUE

Dans la continuité de ces réflexions et dans la poursuite des travaux de Célia Zolynski sur le droit au paramétrage, le Conseil national du numérique étudie actuellement les nombreux moyens d’action visant à permettre une plus grande liberté de l’utilisateur et pouvant répondre aux risques systémiques propagés par les réseaux sociaux : de la consécration d’un droit au paramétrage au “dégroupage des réseaux sociaux”, en passant par l’ouverture des réseaux sociaux à des fonctionnalités externes. Ce qui reviendrait concrètement à permettre à des tiers de fournir des algorithmes de recommandation, des services de modération ou toute autre fonctionnalité alternative à celle proposée par le réseau social. 

Ces réflexions sont menées en lien avec d’autres entités comme les Designers Éthiques. À l’occasion de l’événement de lancement du guide “Concevoir sans dark patterns” le 3 octobre dernier, le Conseil a présenté les moyens d’action permettant de favoriser l’innovation et la liberté de choix. Ensemble, le Conseil et l’association ont animé un atelier autour du design attentionnel des réseaux sociaux dans le cadre de Numérique en Commun[s]. L’occasion pour les participants de comprendre les enjeux de l’économie de l’attention, d’imaginer collectivement des réseaux sociaux plus vertueux et de favoriser la discussion sur le réseau social rêvé.  

Lire le compte-rendu de l'intervention.

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