Le complotisme : un pont entre discours extrémistes, échange avec Rudy Reichstadt

Comment lutter contre le complotisme ? Nous avons échangé autour de ces questions avec Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch (CW).

Le militantisme anti-conspirationniste peut-il paradoxalement nourrir le phénomène qu’il cherche à endiguer ? Que dit le complotisme contemporain de notre société ? Nous avons échangé autour de ces questions avec Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch (CW), service de presse en ligne entièrement consacré à l’information sur le phénomène conspirationniste, le négationnisme et leurs manifestations actuelles, et auteur de L’Opium des Imbéciles (Grasset, 2019).

Pourquoi avez-vous créé CW et quels constats portez-vous aujourd’hui?

Le site est né en 2007 d’une inquiétude face à la multiplication des contenus complotistes. Le complotisme est loin d’être nouveau, mais ce qu’on pouvait voir au début des années 2000 c’était le réel succès rencontré par ces thèses avec la conjonction de deux phénomènes : le 11 septembre 2001 et la pénétration d’Internet dans les foyers. D’ailleurs, le premier blockbuster du web, c’est Loose Change, un film complotiste sur le 11 septembre qui date de 2005.

En 2007, nous avons donc commencé par faire un travail de fact checking et de debunking sur tout ce matériau préexistant sur les théories du complot autour du 11 septembre. Nous ne souhaitions pas uniquement nous intéresser aux faits, mais aussi examiner qui diffuse ces théories. Finalement, nous avons retourné contre le complotisme sa grande question rhétorique : à qui cela profite-t-il ? On observe que les auteurs complotistes ne parlent pas de nulle part, ils ont un parcours. Sans surprise, ce parcours chemine très souvent depuis les extrêmes politiques, notamment de l’extrême droite avec un discours qui blanchit ces théories. Par exemple, pour en revenir à Loose Change, ce film s’appuie en grande partie sur des sources de l’American Free Press, une publication complotiste fondée par un négationniste américain.

Les auteurs complotistes ne parlent pas de nulle part, ils ont un parcours.

Nous avions aussi l’idée que, dans sa structure-même, ce discours complotiste a une parenté très forte avec le négationnisme. Lorsque j’ai vu les théories du complot arriver et prendre de l’ampleur, j’y ai vu quelque chose que je connaissais dans la manière de développer le discours. On retrouve la même stratégie visant à mêler le vrai et le faux, les mêmes « millefeuilles argumentatifs », le même renversement permanent de la charge de la preuve. Et puis, tant dans le négationnisme que dans le complotisme, on observe cet hypercriticisme sur tout ce qui contrarie la thèse du complot et, au contraire, une très grande facilité à accepter tout ce qui va nourrir la théorie complot. On voulait donc aussi mettre au jour les liens qui unissent la partie la plus dynamique de cette mouvance conspirationniste (qui était à l’époque principalement la mouvance soralo-dieudonniste) et la mouvance négationniste.

Nous avons donc commencé à produire un discours critique sur la complosphère avec un site qui se voulait être un site d’information, appuyé sur un travail journalistique. Conspiracy Watch a fonctionné pendant 10 ans de manière bénévole avec un petit nombre de rédacteurs réguliers. À partir de 2017, le média s’est professionnalisé, avec le soutien financier de la Fondation pour la Mémoire pour la Shoah et nous sommes devenus un service de presse en ligne.

Au-delà du fact checking et du debunking (comprendre par où est passée la théorie du complot, son parcours, la réintégrer dans le temps long de l’histoire politique...), nous faisons aussi du « prébunking ». Nous cherchons à anticiper le risque informationnel que représente le complotisme en devançant les fièvres conspirationnistes avant qu’elles ne surviennent. Par exemple, avant même la sortie du film complotiste covidosceptique Hold-Up, nous avions repéré les personnes qui y sont sollicitées comme expertes telles que Alexandra Henrion-Caude, Silvano Trotta ou Valérie Bugault. Dès l’été 2020, nous avons publié des notices d’information à leur sujet ou à propos des notions mentionnées dans le « documentaire », comme le « Great Reset ». De fait, lorsqu’Hold-Up est sorti, toute la communauté de fact checkers et de debunkers, mais aussi de citoyens intéressés par ces sujets a pu s’appuyer sur ce travail critique que nous avions mené en amont.

Parmi nos travaux, nous avons aussi réalisé plusieurs vagues de sondages (fin 2017, fin 2018 et début 2020) avec l’Ifop et la Fondation Jean Jaurès. De même, nous avons produit des vidéos dessinées à caractère pédagogique avec le soutien de la Dilcrah.

Dans toutes ces missions depuis 14 ans, nous considérons le complotisme sans exclure aucune personne ni aucun mouvement a priori et comme une passerelle entre des discours extrémistes : racistes, d’extrême droite, antisémites, islamistes, catholiques intégristes, homophobes… Nous montrons qu’il y a une parenté entre ces discours qui sont tous marqués par une radicalité politique.

Pour caractériser un contenu comme conspirationniste, nous considérons qu’il doit satisfaire trois critères :

  • la présence, implicite ou explicite, d’une accusation de complot ;
  • l’absence de preuve définitive quant au complot dénoncé ;
  • le fait que la thèse proposée soit inutile dans la mesure où une autre explication qu’elle cherche à concurrencer est mieux capable d’expliquer ce qui s’est passé. Ce point est important car, comme le dit l’adage, « l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence ». Il peut arriver qu’on suspecte un complot (ou ce qui peut s’y apparenter, une manipulation) sans avoir de preuve et sans pour autant qu’on puisse écarter cette piste parce qu’on ne dispose tout simplement pas d’autre explication satisfaisante. On parle par exemple beaucoup actuellement de l’origine du Covid-19. La « Lab Leak Theory » (l’idée que le Covid-19 aurait été le fruit d’expériences de gains de fonction menées en laboratoire sur un coronavirus naturel et s’en serait échappé accidentellement) ne me paraît ni complotiste ni absurde compte tenu du degré d’opacité des autorités chinoises et de l’absence de presse libre dans ce pays. En revanche, l’idée que le Covid-19 est une arme biologique pour décimer la population mondiale implique une intentionnalité criminelle qui n’a de sens que dans le cadre d’une théorie du complot.

Quel lien faites-vous entre le complotisme actuel et les technologies numériques ?

Je compare souvent ce qui se passe aujourd’hui avec l’invention de l’imprimerie. Sans l’imprimerie, il n’y aurait pas eu la Réforme protestante. Dès lors qu’on peut imprimer la Bible, on la traduit, on la lit dans sa propre langue et l’on peut commencer à se passer de la médiation de l’Église catholique. C’est l’exemple typique d’une technologie qui vient bouleverser en quelques années le monde des idées. Je pense qu’on assiste au même type de révolution avec Internet et notamment avec le triptyque : haut débit / réseaux sociaux / smartphone. Le haut débit permet à tous de regarder et de produire des vidéos très facilement. Le smartphone permet de démultiplier tout cela : chacun de nous ou presque a désormais en permanence Internet dans sa poche ainsi que la possibilité de n’être plus seulement consommateur passif de contenus mais de publier à chaque instant du son, de l’image et de l’écrit. Autrement dit, nous devenons tous des journalistes en puissance mais sans la formation, la méthode et la déontologie qui vont habituellement avec. Quant aux réseaux sociaux, ils permettent de faire communauté. Là où, auparavant, on aurait peut-être été découragé dans notre quête de vérité alternative, ils nous mettent instantanément en lien avec des gens qui, non seulement pensent comme nous, mais vont aussi nous alimenter. On est galvanisé dans notre recherche d’une vérité alternative là où, autre fois, on pouvait rapidement être découragé, faute d’entrer en contact avec des personnes qui partagent notre quête.

Sans YouTube, il n’y aurait pas aujourd’hui de congrès internationaux réunissant des activistes de la Terre plate.

L’exemple que je cite généralement, c’est le platisme, l’idée selon laquelle la terre est plate et pas ronde. C’est une vieille idée, abandonnée depuis longtemps, mais vous avez des franges extrémistes qui continuent à y adhérer. Depuis les années 1950, aux États-Unis, il y a une Flat Earth Society qui est d’inspiration fondamentaliste chrétienne. Ce qui est intéressant c’est que le platisme contemporain est vraiment le stade extrême du complotisme puisque, pour adhérer au platisme, il faut être passé par toutes les autres théories conspirationnistes : « puisqu’on nous a menti sur tout, on a pu aussi nous mentir là-dessus » pensent les platistes. Aujourd’hui, il y a plus de platistes qu’il y a dix ans. Pourquoi ? Est-ce parce que Flat Earth Society a été particulièrement active ? Pas du tout, elle n’a apparemment eu aucun rôle dans le développement contemporain du platisme. Ce qui a eu un rôle crucial, c’est YouTube. Sans YouTube, ses algorithmes de recommandation et son stock de milliers d’heures de vidéos complotistes et platistes, il n’y aurait pas aujourd’hui de congrès internationaux réunissant des activistes de la Terre plate. Il y aurait plus d’heures de vidéos platistes sur YouTube qu’on en a dans une vie pour les visionner – en tout cas c’est ce qu’affirme l'excellent documentaire Behind the Curve disponible sur Netflix.

Il faut savoir que sur YouTube, sept contenus visionnés sur dix sont des contenus qui ont fait l’objet d’une recommandation algorithmique. Les algorithmes sont particulièrement friands des vidéos à caractère complotiste parce qu’elles sont sensationnalistes, qu’elles jouent sur un effet de dévoilement très fort qui procure un certain plaisir cognitif et capte l’attention.

Néanmoins, la responsabilité morale, voire pénale, des entrepreneurs de politisation conspirationnistes ne doit pas être gommée par la responsabilité sociale - réelle par ailleurs - des plateformes. Ce sont deux sujets distincts qu’il faut penser ensemble. Je ne pense pas que les plateformes aient la même responsabilité que ceux qui diffusent sciemment des contenus haineux et conspirationnistes. Je vois poindre parfois la tentation de réduire le problème aux plateformes : je pense que, oui, c’est un vrai sujet, mais qu’il ne doit pas faire perdre de vue qu’il y a un combat argumentatif, et parfois judiciaire, à mener à l’égard de ceux qui diffusent ces accusations graves en permanence. On ne peut pas dissoudre la responsabilité des influenceurs complotistes dans la question de la régulation des réseaux sociaux.

Le complotisme comporte une part importante de mise en récit des événements et des défis auxquels nous faisons face. Qu’est-ce que cela dit de notre société ?

Le complotisme a en effet à mon sens une fonction de « réenchantement du monde », pour reprendre une expression de Peter Berger, à un moment où les grands récits collectifs, idéologiques et religieux, se sont largement affaissés, avec des effets positifs d'ailleurs, mais aussi des conséquences négatives. En particulier, leur perte de dynamisme a libéré un espace pour tout un tas de croyances alternatives. Si vous êtes un catholique très fervent ou un communiste très convaincu, vous ne pouvez pas croire que nous sommes gouvernés en secret par des reptiliens humanoïdes. Ces croyances font écran à d'autres.

Cette fonction narrative pose la question du discours politique contemporain. On a diagnostiqué de longue date que le discours des responsables politiques pêchait par son côté technocratique, froid, désincarné, qui remplace le récit collectif par des querelles de chiffres. Je pense que les responsables politiques, surtout lorsqu’ils sont attachés à la démocratie, devraient assumer davantage cette fonction narrative, y compris face aux fact checkers. Par exemple, lorsque le président de la République prononce un discours à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, il ne fait pas de l’histoire mais du roman national. Il ne fabrique pas du savoir mais de la cohésion. A grand renfort d’images évocatrices. Son discours a été critiqué comme l’aurait été n’importe quel autre discours. Et c’est la fonction des commentateurs, des journalistes et de l’opposition que de le faire. Mais n’oublions pas que chacun doit être dans son rôle et dans le registre qui lui est propre. Il faut accepter qu’un discours présidentiel ne soit pas un article scientifique et que les journalistes sont à leur tour pleinement dans leur rôle lorsqu’ils pointent les incohérences, les raccourcis, l’aplatissement des faits ou au contraire leur exagération.

La dernière chose sur le rôle du récit c’est que j’observe aussi que beaucoup de personnalités politiques empruntent au récit complotiste. Par exemple, Marine Le Pen fait très attention à ne pas utiliser le terme de « Grand Remplacement » mais ses discours sont absolument compatibles avec cette théorie-là. Je pense qu’il faut réenchanter la démocratie. C’est le propre de la démocratie que de se critiquer elle-même mais toute la difficulté de l’équation c’est de le faire sans qu’elle devienne quelque chose de répulsif.

Le militantisme anti-complotiste est parfois accusé d’attiser le feu des conspirationnistes et de renforcer plus que d’atténuer leur croyance. Que répondez-vous à cette critique ?

Je m’inscris en faux par rapport à cette critique qui laisse à penser qu’il serait urgent de ne rien faire. Le complotisme ne se développe pas parce qu’il y a des débunkers. Le complotisme a une dynamique propre. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les statistiques de fréquentation des sites complotistes : en cumulé, ce sont des millions de vues par mois. Chez Conspiracy Watch, alors même que le site n’a jamais été aussi fréquenté, nous sommes actuellement à un peu plus de 100 000 visites par mois selon le même mode de calcul.

À cela s’ajoute le fait que nous formulons une critique factuelle du phénomène. Nous ne sommes pas dans la diffamation et la calomnie. Il faut voir à l’inverse la violence des réactions que suscite notre travail ! En face, ce sont des cyber-attaques, des « procédures bâillons » sous la forme de plaintes en diffamation à notre encontre, des injures sur les réseaux sociaux, des messages d’intimidation, voire de menaces de mort, et jusqu’à une manifestation au pied de notre siège social.

Nous faisons le pari de la raison, de la capacité des gens à réfléchir.

Ensuite il ne faut pas se tromper de cible : nous ne cherchons pas à parler aux complotistes. On essaie plutôt de rattraper par la manche ceux qui pourraient être séduits par ces arguments, ce qui est assez naturel compte tenu des biais cognitifs humains. Il s’agit de dire « attention, voilà ce qu’on vous dit sur les sites complotistes, voilà la théorie mise en avant et voilà ses limites : jugez-en vous-mêmes », afin d’endiguer des tendances complotistes que l’on sent émerger. Contrairement au complotisme qui véhicule un très grand pessimisme, nous faisons le pari de la raison, de la capacité des gens à réfléchir.

Je connais bien l’argument qui dit « s’il n’y avait pas Conspiracy Watch, il y aurait moins de complotisme ». C’est d’une ineptie rare. Il y a autant de conspirationnisme en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis, sans Conspiracy Watch. Je pense au contraire qu’on a pu contribuer réellement à alerter une partie de l'opinion sur le danger que peuvent représenter ces théories.

Peut-on analyser le complotisme contemporain comme une demande de démocratie ?

Je ne suis pas d’accord avec cet argument. Quand on s’intéresse aux gens qui croient aux théories du complot, on observe plutôt l’inverse : plus on adhère à ce genre de théories, moins le fait de vivre en démocratie semble important à leurs yeux. L’idée selon laquelle le complotisme serait une recherche maladroite de justice ou procèderait d’une allergie au mensonge, au mensonge politique notamment, me paraît relever de l’idée fausse.

On dit souvent, à raison, que le complotisme conteste les grandes paroles de l’autorité, qu’il s’agisse de la presse, de l’État, de la science, etc. Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est que les complotistes recomposent des figures d’autorité. Dans le monde politique ils vont par exemple s’attacher à un leader populiste en rejetant tout le reste de la classe politique. C’est ce que disent les Trumpistes par exemple : Trump est vu comme un sauveur, comme l’homme providentiel, il est même parfois représenté sous la forme d’un messie. Et, chose déconcertante : on le crédite de parler un langage de vérité tandis que le reste de la classe politique et une grande partie des médias sont perçus comme corrompus. En France, on a vu le même type de phénomène avec l’engouement pour le professeur Raoult. Une partie de la population estime que la quasi-totalité des virologues est corrompue, empêtrée dans des conflits d’intérêts avec les labos et que seul Didier Raoult dit la vérité. Et même si le professeur Raoult se contredit dix fois, sa parole n’est jamais contestée.

Le complotisme n’est pas un rejet du mensonge, c’est un enfermement dogmatique.

Donc, il ne faut pas penser que la défiance est le dernier mot du complotisme. Non. Le complotisme, c’est la défiance + la crédulité. C’est une défiance très ciblée, à l’égard de certaines paroles d’autorité qu’on rejette absolument, mais au profit de nouvelles paroles d’autorité qu’on recompose. Ce n’est pas un rejet du mensonge, c’est un enfermement dogmatique. Je pense donc qu’on se trompe quand on dit que le complotisme a à voir avec le scepticisme et l’esprit critique. Je pense que ça en est la négation. Créditer de cela les complotistes, c’est prendre leur habillage idéologique pour argent comptant, entrer dans leur discours de justification.

Comment sortir du complotisme aujourd’hui ?

J’aimerais insister sur deux pistes de solutions. Premièrement, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est une solution incontournable, mais c’est une solution de long terme. Il va falloir éduquer  des générations entières à la maîtrise des outils : qu’est-ce que c’est que s’informer ? Comment chercher des sources fiables ? Comment vérifier une information ? On a, il me semble, à cet égard une marge de progression importante. Ce qu’on appelle la « digital literacy » doit non seulement être renforcée, pour les jeunes à l’école, mais pas seulement. Ce n’est pas qu’un problème de l’Éducation Nationale, mais de toute la société. Il y a beaucoup de seniors connectés, ils vont l’être de plus en plus, et il ne faut pas surestimer la capacité de ces catégories d’âges-là à distinguer facilement le vrai du faux. Sur Facebook, par exemple, on sait que les seniors partagent plus de fake news que les jeunes.

Ensuite, il n’y a aucune raison qu’on s’interdise de penser à une évolution législative. Aujourd'hui, trois types de délits sont punis :

  • l’incitation à la haine (le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, etc.) ;
  • le négationnisme avec la loi Gayssot, qui a été élargie de fait à la contestation de la réalité du génocide des Tutsi au Rwanda ;
  • s’agissant des périodes électorales, la loi de 2018 contre la manipulation de l’information permet d’entraver la diffusion de fake news.

Et puis, il y a une disposition toujours en vigueur dans notre droit : l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui punit « la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses » susceptible de « troubler la paix publique ». Mais aujourd’hui, seul le procureur de la République peut engager des poursuites sur la base de cet article. De fait, l’une des propositions que l’on formule depuis quelques années est de permettre aux associations à but non lucratif qui ont pour but, dans leur statut, de lutter contre la désinformation, de pouvoir engager des poursuites pénales sur la base de cet article 27 pour mettre face à leurs responsabilités les personnes qui désinforment. Cela permettrait de rééquilibrer un peu la situation où ces médias - qui sont par ailleurs monétisés (par la publicité, par des dons faits sur des plateformes de crowdfunding, etc.) – semblent bénéficier d’une sorte de privilège d’extraterritorialité juridique, comme s’ils n’avaient par principe à rendre aucun compte quant aux accusations graves et infondées qu’ils s’ingénient à publier.

 

Crédits image : J-F Paga / Grasset.

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