À la rencontre de l'écosystème IA à Toulouse

Les mercredi 18 et jeudi 19 mai, Justine Cassell, Olga Kokshagina et Eric Salobir, membres du Conseil national du numérique, se sont rendus à Toulouse, pour deux journées de rencontres dans le cadre de nos travaux relatifs aux relations entre les humains et les machines.

Ce déplacement s’inscrit dans la démarche d’ouverture du débat engagée par le Conseil depuis plusieurs mois. Au-delà de la diffusion des travaux de la mandature, il s’agit avant tout de prêter une oreille attentive aux acteurs de terrain et de restituer des initiatives qui entrent en résonance directe avec les thématiques traitées par le Conseil depuis février 2021.

Au programme ? Des échanges avec des chercheurs de différentes disciplines (informaticiens, sociologues, psychologues, mathématiciens…) investis dans le champ des relations entre les humains et les machines. Ils ont en particulier rencontré des équipes de l’Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute (ANITI), de l’Université de Toulouse, du campus toulousain de l’Icam, du Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS), de l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT) et son équipe LILaC, et de l’Institute for Advanced Studies in Toulouse (IAST). Ces rencontres ont été rendues possibles grâce à l’implication de partenaires locaux, et en particulier de Cesar Hidalgo et son équipe, que nous tenons à remercier chaleureusement !

Les membres du Conseil ont par ailleurs rencontré des élus en charge des questions d’innovation et du numérique au sein de la mairie et de la métropole de Toulouse.

Durant ce voyage d’étude, l’écosystème toulousain nous est apparu comme particulièrement actif, et propice à l’émulsion intellectuelle, industrielle, économique et politique autour des enjeux du numérique et, plus particulièrement, de l’Intelligence artificielle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : environ 18 500 établissements et plus de 60 000 emplois salariés recensés en 2021 pour le secteur numérique dans la région, en grande partie concentrés autour de la métropole, plus de 5 000 chercheurs et 20 000 étudiants en informatique, un taux de 16,2 chercheurs pour 1 000 emplois salariés, qui place Toulouse comme première métropole française pour l’effort dans la recherche… Les interactions fréquentes entre les différentes parties prenantes de ces dossiers, chercheurs, entreprises, élus, rendent cette effervescence possible, et doivent être saluées et encouragées.

C’est la richesse de cet écosystème et la pluralité des chercheurs et des acteurs que nous avons pu rencontrer, ainsi que la maturité de leur réflexion sur ces enjeux qui a conduit le Conseil à organiser ce déplacement pour enrichir ses travaux.    

Les membres de la délégation en réunion avec les équipes de ANITI

Des interactions renforcées entre sciences sociales et projets d’intelligence artificielle

Les divers échanges avec des équipes de recherche ont fait émerger le besoin attesté de la présence des sciences sociales dans les projets d’Intelligence artificielle. La sociologie, par exemple, permet de dégager des impacts qui ne sont pas initialement pris en compte (tels que les enjeux de socialisation au travail, parfois absents des réflexions sur l’automatisation de certaines tâches), tandis que l’économie comportementale accompagne la résolution de dilemmes moraux. Ces passerelles doivent également permettre d’intégrer en amont les problématiques d’éthique associées aux projets d’intelligence artificielle.

Les interactions entre les entreprises et industries porteuses de ces projets et le monde de la recherche sont donc fondamentales à l’intégration de ces problématiques. Pour être pertinentes et avoir un impact réel sur les projets menés, elles doivent être conduites tout au long de la vie du projet et ne pas intervenir une fois ce dernier terminé, uniquement à des fins d’évaluation, sans grand espoir de pouvoir y apporter la moindre modification.

«Il y a un risque de devenir expert de la machine et non plus être expert de son métier.

Découvrez l'intégralité de notre entretien avec Yann Ferguson, sociologue à l'Icam

Au delà de l’industrie et de l’intelligence artificielle : un écosystème politique attentif

L’écosystème numérique toulousain bénéficie d’élus acculturés aux enjeux numériques, et décidés à intégrer les citoyens dans la construction des politiques publiques. Les échanges ont néanmoins fait émerger l’éloignement d’une partie de la population vis-à-vis de ces sujets, et les difficultés rencontrées dans les cadre des tentatives d’association des habitants à la prise de décision.

Ces réflexions font écho à l’appel au débat et à la (re)politisation des technologies numériques, lancé en février dernier par le Conseil, à travers la publication de Civilisation numérique, ainsi qu’à la démarche de recueil et de restitution de la parole de citoyens éloignés du numérique qui se poursuivra cet été. »

Que retenir de ces deux journées ? La réponse à travers les mots d’Eric Salobir, membre de notre délégation :

«Une vraie interdisciplinarité commence à naître dans la métropole toulousaine, malgré les difficultés dans le monde de la recherche à impulser des dynamiques de recherche croisées. »

Retrouvez l'entretien d'Eric Salobir dans Touléco

Le Conseil va poursuivre ses rencontres avec les écosystèmes numériques territoriaux et continuer à stimuler le débat autour du numérique dans les semaines à venir. Pour en savoir plus, retrouvez nos prochaines étapes ou écrivez-nous sur debat@cnnumerique.fr !

 

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