Cénum - La lettre du Conseil #33 - Itinéraires numériques
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Pour cette dernière édition augmentée avant la coupure estivale, retrouvez la suite d’Itinéraires numériques, notre débat itinérant à l’écoute des préoccupations des Français que nous annoncions ici.
De débats sur le numérique vécu à ceux sur le numérique à venir, vous trouverez également ci-dessous un focus sur l’intelligence artificielle. Définitions, enjeux et perspectives, de quoi nourrir des discussions que l’on espère riches en attendant la rentrée.
Bonne lecture et rendez-vous en septembre !
La démarche Itinéraires numériques continue
Du 26 au 28 juillet, nous étions à Draguignan et Grasse pour la 7e étape d’Itinéraires numériques !
À Draguignan, nous avons été accueillis au Tiers-Lieu C-Num (à prononcer [Cénum] ;-), qui rassemble 8 acteurs comme MODE 83, Résine, Canal D, Ritimo, PureSport et la ville Tous œuvrent à un numérique pour l’émancipation des individus (via l’insertion notamment) au service du collectif. Le jeu vidéo tient une place de choix dans le dispositif et l’organisation du Dracénie Gaming Festival illustre bien leur méthode et positionnement : un débat au cœur de la ville, qui rassemble l’ensemble des acteurs (joueurs, familles, entreprises, influenceurs…) pour débattre ensemble d’un sujet qui touche tout le monde.
À Grasse, nous avons été au tiers lieu SCIC TETRIS (y compris pour y passer la nuit :-) ), qui fait dialoguer transitions écologique et numérique. Nous y avons rencontré des enfants de 10 à 13 ans dans le cadre d’une colonie apprenante afin d’échanger avec eux sur leur relation au numérique. Les médiateurs numériques, les conseillers France Services et les usagers nous ont aussi partagé leurs enjeux et envies.
Le 22 juillet, direction Aulnay-sous-Bois pour la 6e étape ! Nous avons rendu visite à la Maison de l’emploi Convergence Entrepreneurs lors d’une de leurs “animations en pied d’immeuble” avec un bus France Services et le camion Caravelle Numérique de l’association Cité Tech. Cette nouvelle étape aura été l’occasion d’observer une démarche collective de mutualisation des ressources et des compétences à l’échelle locale pour répondre aux besoins des usagers. Le tout dans une ambiance chaleureuse et en musique !
Le 18 juillet, le café numérique mobile Germaine nous a accueillis à La-Roche-sur-Yon pour la 5e étape. “Le numérique, ça sert à rien !” C’est à cette affirmation qu’ont répondu des citoyens et ce malgré les très fortes chaleurs ! L’association Germaine favorise l’expression des citoyens autour d’une question donnée, dans l’espace public grâce à ses “porteurs de parole”. En deux heures, plus d’une trentaine de personnes se sont rassemblées, ont échangé, débattu, argumenté sur leur rapport au numérique et à l’innovation.
Du 9 au 12 juillet, pour la 4e étape, nous nous sommes rendus à Avignon pour un programme de rencontres variées.
Dans le cadre de conférences organisées par le Grenier à sel, la French Tech Grande Provence et Dark Euphoria, nous avons participé à deux échanges relatifs aux enjeux d’innovation dans le spectacle vivant. L’occasion de rappeler que le monde culturel joue un rôle primordial dans notre capacité “à faire société” et donc à faire vivre la démocratie.
Nous avons par ailleurs suivi les équipes d’Avenir 84, une association qui travaille pour la formation professionnelle, l’éducation populaire et la cohésion sociale. Lors de la permanence du bus France Services de l’association installé en pied d’immeuble dans le quartier prioritaire de Monclar, nous avons pu constater l’utilité de ce service qui “va vers” pour accompagner ses publics avec leurs démarches administratives. Nous avons également animé un débat avec des conseillers citoyens du Grand Avignon et des acteurs investis dans le champ de l’inclusion numérique (Pôle Emploi, structures d’accompagnement et de formation, collectivités…).
Le 6 juillet, lors de la 3e étape à Saint-Omer, en partenariat avec La Station, un espace d’innovation, de travail et de médiation numérique, nous avons assisté à un atelier de formation à destination de personnes âgées ou en recherche d’emploi. Nouvelles manières de travailler, accès à la culture, protection de la vie privée… le désir de comprendre ces outils, de les maîtriser et de se débrouiller seul est indéniable ! Une rencontre avec des acteurs de la médiation sur le territoire de l’agglomération nous a également permis de noter l’investissement de ces aidants et d’entendre leurs besoins de formation.
Itinéraires numériques fait une pause pour l’été. Retrouvez ici le carnet de bord des déplacements et rendez-vous à la rentrée pour la suite ! Vous voulez organiser une étape chez vous ? Contactez nous : debat@cnnumerique.fr
Intelligence artificielle : des enjeux de définition à l'actualité réglementaire, la nécessité d'en débattre
Sujet géopolitique entre Chine, États-Unis et Europe, sujet de débat partout dans le monde, l’intelligence artificielle est au cœur de l’actualité européenne avec le projet de règlement européen Intelligence Artificial Act en cours d’élaboration. L’occasion de revenir sur un concept source à la fois de fantasme et d’inquiétude.
Peut-on parler d’intelligence pour les machines et Internet ? Dans un épisode du podcast Le Code a changé, Xavier de la Porte échange avec Milad Doueihi, historien des religions et titulaire de la Chaire d’humanisme numérique à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV). Selon lui, ce concept nous échappe car il ne relève d’aucune définition scientifique actée. La notion même d’intelligence fait débat : en 1948, Alan Turing parle alors de “machine pensante”, en 1956, lors de la conférence de Darmouth, les scientifiques optent pour la notion “d’apprentissage”. Les conceptions de l’intelligence artificielle varient également selon les cultures. Quand elle est associée à l’éthique et à la dignité humaine en Occident, avec l’humain au centre, la Chine et le Japon prônent l’harmonie dans nos relations avec les machines. En conclusion, pour aborder le sujet des machines, Milad Doueihi plaide pour utiliser la notion connue et maîtrisée “d’apprentissage” plutôt que celle d’intelligence.
La définition de l’intelligence artificielle a aussi été au cœur des débats du colloque “Intelligence artificielle et société” organisé à l’occasion du lancement de l’Observatoire de l’intelligence artificielle de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne :
- Justine Cassell et Éric Salobir ont participé à un entretien croisé dans lequel ils rappellent l’importance de mettre l’intelligence artificielle au service de l’analyse critique et du débat collectif et de penser son intégration, notamment sur le lieu de travail. Ce dernier point fera par ailleurs l’objet d’un travail du Conseil dans les mois à venir.
- Éric Salobir est intervenu à la table-ronde intitulée “Autorités publiques et pensée critique sur l’intelligence artificielle” pour aborder les impacts de l’intelligence artificielle sur la démocratie, parmi lesquels l’érosion du statut de la parole publique et scientifique dans un espace informationnel que les dispositifs algorithmiques, notamment à la base du fonctionnement des réseaux sociaux, ont contribué à saturer.
- Joséphine Hurstel, responsable des études, a participé à la table-ronde “Intelligence artificielle, désinformation et démocratie : regards croisés”. L’occasion de présenter le rapport Récits et contre-récits, itinéraire des fausses informations en ligne publié il y a un an et de faire le bilan des principales évolutions qui ont eu lieu depuis sur ce terrain. Un mot d’ordre : à enjeu multifactoriel, réponse multi-partite.
Comment l’intelligence artificielle peut être utilisée de pair avec le travail humain ? Nous avons donné la parole à Matthieu Porte, coordinateur des activités d’intelligence artificielle à l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Pour décrire le territoire physique dans lequel la France se déploie à l’heure de transformations écologiques rapides, et surtout rendre compte régulièrement des évolutions induites, l’IGN utilise des techniques d’intelligence artificielle. Matthieu Porte nous explique comment celles-ci, si elles sont utiles dans la conduite de cette mission, ne peuvent se substituer au travail et au regard humain.
Pour aller plus loin, un numéro de la revue Réseaux intitulé “Contrôler l’intelligence artificielle ?” offre un tour d’horizon utile des enjeux sous-jacents à l’intelligence artificielle, parmi lesquels les conflits de définition, les défis en matière de régulation, les implications éthiques ou encore l’agentivité algorithmique.
Si vous avez des recommandations, des questions ou si vous souhaitez nous rencontrer, n’hésitez pas à nous contacter info@cnnumerique.fr