Retour sur une série d’événements au sommet !
Bonjour, nous sommes le vendredi 14 février 2025. La semaine dernière, quelques jours avant le début officiel du Sommet pour l’action sur l’IA, toute l’équipe du Conseil national du numérique était mobilisée autour de nombreux événements ouverts à toutes et tous pour penser et débattre de l'intelligence artificielle de manière ouverte et démocratique. Du palais d’Iéna à la Sorbonne en passant par Grenoble et la bibliothèque François Mitterrand, ces événements, qui ont réuni près d’un millier de personnes, ont notamment permis d’esquisser les contours d’une technologie pensée pour et par les citoyens. Bonne lecture !
À Grenoble pour promouvoir collectivement Café IA
Du 5 au 6 février, une partie du secrétariat général du Conseil était également présente à Grenoble pour la deuxième édition du festival Tech&Fest. Pendant deux jours, cet événement a été l'occasion de présenter Café IA et d'échanger avec plus de 200 citoyens et acteurs locaux soucieux de mettre en place au sein de leurs structures professionnelles, établissements scolaires ou associations des espaces de dialogue et de débat sur notre relation à la technologie. Surtout, Tech&Fest nous a permis de mettre en lumière des acteurs qui, partout en France, participent, à travers des approches pédagogiques et ludiques, à décortiquer les impacts sociaux, environnementaux et politiques de l'IA, qui outillent et qui démystifient la technologie pour la rendre accessible à tous. Nous y avons organisé 7 ateliers dans 7 formats différents qui constituent chacun l'essence de Café IA : une démarche d'ensemble de mise en dialogue autour de la technologie.
Démystifier l'IA pour mieux appréhender les enjeux à l'œuvre. Nous avons d'abord pu débattre des impacts sociétaux des IA génératives et imaginer des scénarios prospectifs autour de son développement avec le jeu de carte La Bataille de l'IA de Latitudes avant de soulever le capot et comprendre le cycle de vie d'un algorithme, de l'extraction de minéraux à l'entraînement des données en passant par le coût énergétique des data centers, avec le jeu La Boîte noire de l'IA de l’association Datactivist. Autant de questions qui ont pu également être abordées sous forme de jeu de rôle, à travers Aïe Aïe IA, un jeu développé par la Métropole de Lyon et cela peu importe son âge, comme le témoignent les parties de Future of AI animées par Latitudes avec des groupes de lycéens et d’étudiants. Sans oublier les Mikrodystopies !
Outiller les acteurs du dialogue social. Faire de l'IA un objet de dialogue social, c'est l'objet du jeu sérieux IA & travail développé par l'Anact et l'European Trade Union Institute. Un atelier nécessaire pour aborder les transformations à venir dans le milieu professionnel.
Penser une IA au service du pédagogue. Comment se positionner face à l'IA en tant qu'enseignant ? Comment créer des contenus adaptés à des objectifs pédagogiques sur la question ? C'est tout l'objet des travaux et des nombreux outils mis en place par Réseau Canopé.
Un immense merci à tous nos partenaires, ainsi qu'aux nombreux conseillers numériques et promeneurs du net présents, qui participent à faire vivre ces échanges démocratiques sur notre rapport à l'IA. Tous les formats d'animation promus dans le cadre de Café IA sont à retrouver sur notre site. Un très grand merci également à l'excellente équipe organisatrice de nous avoir accueilli pendant ces deux jours.
Pour en savoir plus : Keren Lentschner, pour Le Figaro, dresse un portrait de la démarche Café IA : « L’enjeu consiste à ressouder la population et à construire un commun lié au progrès. Il y a beaucoup de peurs liées à l’IA et au numérique. L’enjeu est d’abord de nous mettre à l’écoute les uns des autres » (Gilles Babinet)
IA : la voie citoyenne - pour une technologie au service de la démocratie et du dialogue social !
Vendredi 7 février, nous avons eu le plaisir d'organiser avec et au Conseil économique social et environnemental, une riche matinée d'échanges qui à permis de réunir au Palais d'Iéna citoyens, élus, syndicalistes, agents publics, entrepreneurs pour discuter de la place de chacun dans les décisions automatisées autour de deux débats :
L’IA dans l’action publique : quelle place pour les citoyens ? Animé par Marianne Tordeux Bitker et Jean Cattan, ce premier débat a été l'occasion de revenir sur les enseignements des conventions citoyennes sur l'IA, menées notamment à Paris et Rennes ; de faire le point sur la place des administrés dans les décisions automatisées, par exemple avec le témoignage de l’association Changer de Cap, ou d’évoquer l’enjeu de transparence avec les représentants de l'Observatoire des algorithmes publics ou de l’association MaDada. Mais il a aussi permis de rappeler l’importance de garantir l’accès aux droits des citoyens grâce à l’intervention du Défenseur des droits. Finalement, l’enjeu est bel et bien de repenser la place du service public avec les citoyens, comme l’a rappelé Thomas Perroud.
IA et travail : vers un nouveau dialogue social ? Animé par Joséphine Corcoral et Érik Meyer, ce deuxième débat a mis en lumière la perte de sens au travail et la précarisation que peut générer le déploiement de certains systèmes automatisés mis en place sans consultation et concertation du personnel et de ses représentants, que ce soit dans le cadre du secteur public (Solidaires Finances Publique), de la logistique (David Gaborieau) de la traduction (avec les témoignages de l’association en Chair et en os) ou encore l’ubérisation d’un nombre grandissant d’emploi (Franca Salis Madinier). Là encore, le droit existe et protège les travailleurs comme l’a rappelé Eric Delisle de la CNIL. Les interventions de la salle ont aussi permis de présenter des outils mis à disposition des organisations pour améliorer et structurer un dialogue entre l’ensemble des parties prenantes à l’image du projet DIALIA.
Conclue par Stefana Broadbent, cette matinée d'échange a été l'occasion de démontrer une nouvelle fois la vivacité et l'expertise de la société civile : c'est cette voie, celle de l'action citoyenne qui doit nous aider à construire notre action sur l'IA. Un grand merci à Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, ainsi qu’au président du Cese Thierry Beaudet pour leur présence et leur introduction de la matinée ainsi qu'à l'ensemble des intervenants.
Pour en savoir plus : nous vous invitons à lire cet article de Mathilde Saliou qui revient sur la matinée d’échanges dans Next et à visionner le replay de la matinée via ce lien. Pour Radio Classique, BFM Business et France 24, Jean Cattan revenait sur les options de régulations qui s’offrent à nous pour concevoir une technologie plus démocratique.
Visionnez le replay de la matinée
Un Café IA lors de la journée Compar:IA
Vendredi 7 se tenait en parallèle et à la Bibliothèque nationale de France, une journée dédiée à la plateforme Compar:IA et à la diversité des modèles de langue. À l’initiative du ministère de la Culture, cette journée a mêlé retours d’expérience, ateliers avec de nombreux acteurs et défis autour des enjeux stratégiques de l’outil Compar:IA, un outil que nous ne saurons jamais trop vous recommander tant il permet de comprendre beaucoup de choses sur le fonctionnement des modèles, leur impact environnemental et surtout de faire vos retours sur leur qualité au vu notamment de leur expression en langue française. Nous avons eu l’opportunité d’y présenter Café IA, merci pour l’accueil !
Y a-t-il une IA pour sauver la planète ?
Telle était la question posée vendredi dernier aux 6 jurés et aux quelque 300 personnes présentes à la Sorbonne pour cette édition du Tribunal pour les Générations Futures organisée avec Usbek & Rica et 8 entités publiques et universités, quelques heures après la matinée d’échange au Palais d’Iéna. L’événement était gratuit, chaleureux et ouvert à toutes et tous. Pour prendre le temps d’examiner toutes les facettes de ce débat brûlant ont témoigné Jacques Sainte-Marie (Inria), Lou Welgryn (Data for Good) et Charles Gorintin (Alan/Mistral), interrogés chacun par l’avocate défendant le « Oui », Adélaïde Barbier, et le procureur défendant le « Non », Blaise Mao. Le tout était coordonné par Lluis Pino, en sa qualité de juge du Tribunal, et rythmé par les croquis acérés de Xavier Gorce. Des choix de déploiements technologiques qui ne se feront très probablement que dans une démarche démocratique d'inclusion et de participation des citoyens, l’amphithéâtre Richelieu s’est transformé en un espace pour penser collectivement au rôle des technologies dans notre rapport à la planète. Parmi les pistes que l’on en retient :
- Nourrir la recherche publique en moyens et orientations nécessaires au développement de technologies choisies et vertueuses.
- Une plus grande transparence des acteurs de l'IA quant à l'ampleur de leurs impacts environnementaux.
- Donner aux citoyens un vrai pouvoir de décision sur les technologies que nous voulons voir, ou pas, émerger.
Merci à toutes les personnes qui ont rendu cet événement possible et aux participants pour ces échanges passionnants !
Pour en savoir plus : le Tribunal pour les générations était dans la matinale de France Inter, dans La Tribune, dans cet article de la Banque des territoires et dans Notre Temps, via l’AFP. Découvrez aussi les croquis de Bénédicte Rouiller réalisés pendant la soirée. Jean Cattan présentait également des alternatives aux modèles dominants dans Le Monde tout comme Anne Alombert dans le dernier numéro du Nouvel Obs « Nos vies sous IA ».
Une soirée pour le pluralisme algorithmique
Dimanche 9 au soir, nous organisions avec AI Forensics et The Future of Technology Institute une soirée à la Climate House réunissant 120 personnes autour de la question de l’ouverture des réseaux sociaux. Ont pu témoigner à cette occasion Marc Faddoul pour présenter l’initiative Freeourfeeds.com, Magali Payen pour partager son expérience de mobilisation dans le cadre de l’initiative HelloquitteX ainsi que Hannah Taïeb de chez Spideo. Aussi bien d’un point de vue économique que sociétal ou technique un pluralisme algorithmique est non seulement possible, il est bénéfique et nécessaire. Merci à tous les participants qui sont venus combattre la centralisation des réseaux et le blues du dimanche soir d’un coup d’un seul.
Et merci à tous les autres qui font résonner une autre vision de l’intelligence artificielle !
Après la journée au Grand Palais au cours de laquelle nous avons eu le plaisir à l'initiative de l’ambassadeur Henri Verdier d’échanger avec des représentants de l’internet governance forum dédié à la jeunesse, un évènement organisé par Make.org fut l’occasion de mettre la démocratie au cœur des enjeux de coordination entre acteurs. Le lendemain, mardi 11 février, nous avons pu assister à de nombreux événements en marge du Sommet. Le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche accueillait le Forum for Sustainable AI. Une journée d’échange et de réflexion qui marquait le lancement de la Coalition pour une Intelligence Artificielle (IA) écologiquement durable. De son côté, Viginum a présenté ses outils sur la détection des productions assistées par IA dans la lutte contre les ingérences numériques étrangères. Cette journée a aussi été l’occasion d’échanger avec le Grand Continent et les acteurs du monde de la culture. Dans la soirée, le laboratoire pour le droit des femmes en ligne (Laboratory for women’s right online) a présenté les 5 projets lauréats de l’année 2025 qui, à travers le monde, utilisent l’IA et la technologie pour lutter contre le cybersexisme et toutes formes de violence en ligne. Jeudi 13 mars, nous étions à nouveau au palais d’Iéna autour du thinktank #Leplusimportant qui organisait une journée en partenariat avec le CESE sur le thème « Comment manager à l’ère de l’IA pour favoriser la qualité du travail ? ». Joséphine Corcoral y a présenté Café IA et notamment comment cette démarche trouve sa place dans le contexte professionnel, avec un mot d’ordre : prendre le temps de s’écouter et de dialoguer.
Un sommet et après ? Acteurs du dialogue social, de l’éducation, de l’environnement, professionnels de la médiation numérique, élus… nombreux sont les témoignages et les enseignements recueillis durant cette très riche semaine de débat. On vous revient vite avec ce qui s'est dit et ce qui sera fait après ! Encore une fois merci à toutes les personnes avec qui nous avons pu échanger et nouer contact. Pour ne rien manquer des nombreuses actualités de Café IA à venir, suivez-nous sur LinkedIn et Mastodon et abonnez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire Cénum. À très bientôt !