Sur la route du Sommet pour l'action sur l'IA
Le 7 février, Trois temps pour penser la relation des citoyens à l’IA. ✦ Le module IA & travail est en ligne ! ✦ Café IA à Tech&Fest à Grenoble les 5 et 6 février. ✦ Clara Chappaz participe à Café IA !
Bonjour, nous sommes le vendredi 17 janvier. Nous vous donnons rendez-vous le vendredi 7 février, à l’occasion d’une journée ouverte à toutes et tous pour penser et débattre de l'intelligence artificielle de manière ouverte et démocratique. Bonne lecture !
Avec de nombreuses autres institutions, nous vous donnons rendez-vous le vendredi 7 février, soit trois jours avant l'ouverture du Sommet pour l’action sur l'IA, pour plusieurs moments d’échanges ouverts à toutes et tous autour de notre relation à l’intelligence artificielle.
La journée commencera au Conseil économique social et environnemental. Le CESE et le Conseil national du numérique s'associent et vous proposent une matinée d'échanges dédiée à la place de la participation citoyenne dans le développement de l'intelligence artificielle. Cet événement, ouvert à toutes et tous, sera l'occasion de mobiliser de nombreux acteurs institutionnels, académiques et citoyens en vue du partage de témoignages, réactions et voies d'actions au sujet de l'intelligence artificielle. Il sera l'occasion d'aborder les conclusions de la récente publication par le CESE de l’avis « Pour une IA au service de l’intérêt général ». Rendez-vous à partir de 8h30 au CESE, 9 place d'Iéna, 75016 Paris. Les détails pratiques et le programme de la matinée seront communiqués ultérieurement. Il reste encore quelques places. Pour vous inscrire, c’est par ici !
Nous vous proposons ensuite de se retrouver pour un deuxième temps fort de la journée à la Bibliothèque François Mitterrand pour une journée dédiée à la plateforme compar:IA et à la diversité des modèles de langue. Compar:IA est un outil gratuit permettant de sensibiliser les citoyens et citoyennes à l’IA générative et ses enjeux, en proposant de comparer les réponses de différents modèles d’IA, de tester différents modèles et de mesurer l’empreinte écologique des questions posées aux IA. À l’initiative du ministère de la Culture, cette journée mêlera retours d’expérience, ateliers avec de nombreux acteurs et défis autour des quatre enjeux stratégiques de compar:IA : l’alignement des modèles, la sensibilisation à l’IA générative, les biais culturels et l’impact environnemental des modèles d’IA générative. Inscrivez-vous ici pour assister à la journée et retrouver toute la programmation. Le Conseil proposera notamment un Café IA à 15h 😉.
Enfin, rendez-vous à l’amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne (17 rue de la Sorbonne) pour prendre part à un Tribunal pour les générations futures sur les enjeux de justice climatique liés à l’intelligence artificielle organisé par le CESE, l’ADEME, l’ARCEP, le Conseil, le CGDD, l’IGN, Inria, l’IRJS et l’AI Obs. Le Tribunal pour les générations futures est un format original, imaginé et créé par Usbek & Rica, qui reprend les codes d’un procès pour interroger et débattre des thématiques qui infusent le présent et dessinent le futur. La question posée : « Y a-t-il une IA pour sauver la planète ? » Pour en savoir plus sur le programme de la soirée et vous inscrire, c’est par ici.
À travers cette journée, nous souhaitons offrir une vision démocratique et populaire du rapport à la technologie. Une proposition citoyenne comme une réponse au populisme ambiant, via trois événements ouverts à toutes et tous. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous écrire à info@cnnumerique.fr.
🗞️ Les actualités de Café IA
Le module IA et travail est en ligne ! Conçu avec France Num et le LaborIA, ce module s’adresse à celles et ceux qui souhaitent organiser ou animer un Café IA dans un contexte professionnel et en apprendre davantage sur les impacts de l’IA sur le travail, l’emploi et les entreprises. Un outil mis à disposition des salariés, indépendants, chefs d’entreprise, managers, personnels des ressources humaines, organisations syndicales et patronales… pour aborder les transformations en cours et à venir dans le milieu professionnel au sens large. À vous de vous en saisir ! Il est disponible gratuitement et en partage ouvert ici. Nous sommes à l’écoute de vos retours et suggestions d’amélioration.
Vous voulez en savoir plus sur les objectifs du module ? Vous souhaitez organiser votre premier Café IA auprès de votre structure professionnelle ? Le module IA & Travail fera l'objet du Café animation du jeudi 23 janvier (13h30 à 15h en ligne). Inscriptions.
Café IA à Tech&Fest. Rendez-vous les 5 et 6 février 2025 à Grenoble pour Tech&Fest. Pendant deux jours, le Conseil animera un espace dédié pour débattre, expérimenter, dialoguer et créer ensemble les conditions d’une appropriation collective de l’IA. Venez échanger à nos côtés et prendre part aux nombreux ateliers proposés sur notre espace aux côtés de Latitudes, Datactivist, Wikimédia, Réseau Canopé ou encore l’Aract. On vous en dit bientôt plus sur le programme ! Vous êtes un acteur local et souhaitez contribuer ou y présenter vos initiatives ? Écrivez-nous à bonjour@cafeia.fr.
🔎 La veille du Conseil
La fin des partenariats de vérification des faits annoncée par Meta aux États-Unis : quelques éléments d'analyse. Jusqu'à présent, sur Facebook, les articles et les publications jugés faux par les vérificateurs des faits sont actuellement signalés par un avertissement. Ils sont également montrés à moins d’utilisateurs par les algorithmes de recommandation de la plateforme, explique Alexios Mantzarlis de l'initiative Sécurité, confiance et sûreté de la Cornell Tech, et les utilisateurs sont plus susceptibles d’ignorer le contenu signalé que de le lire et de le partager. Pour certains observateurs, l'abandon des partenariats conclus par Meta avec des organes de vérification des faits (fact-checking) extérieurs au groupe inviterait à l'abandon de l'idée de vérité et ouvrirait la porte à la généralisation de la désinformation. Pour d'autres, elle serait aussi le signe d'un désinvestissement dans la création d'un référentiel commun permettant d'avancer à l'échelle collective.
Bon débarras ? Pour The Atlantic, Ian Bogost prend le contre-pied de ces positions et défend que cette politique de vérification de l'information sur les plateformes n'a jamais rien empêché. « L’idée que quelque chose appelé vérification des faits puisse être (ou aurait pu être) raisonnablement appliquée aux publications sur les réseaux sociaux, dans leur ensemble, est absurde ». Non seulement, le déluge serait impossible à contrer, énonce Bogost. Mais surtout, la vérification des faits sur les plateformes de réseaux sociaux aurait selon lui d’abord tenu en une vérification formelle et simpliste, répétitive et superficielle. « Bon débarras ! », conclut-il.
De mal en pis. La revue Nature tente pour sa part de faire le point sur ce qu'a apporté le fact-checking aux médias sociaux et fournit des éléments d'analyse pour mieux nourrir le débat. Si l'abandon de sa politique de vérification par Meta laisse perplexe les spécialistes du sujet, Nature estime que son bilan serait bien mince. L'idée de la remplacer par un système de notes communautaires, comme on le trouve déjà sur X, promet surtout de faire pire, puisque des études convergentes montrent que les notes communautaires ont encore moins d'effets et potentiellement plus de biais que le fact-checking, notamment parce qu'elles sont ajoutées dans des délais trop distants des pics d'audiences des publications et qu’elles sont bien plus souvent écartées que publiées.
Vérification vs. Polarisation. Pour ce qui est d’aider à convaincre les utilisateurs que les informations sont vraies et dignes de confiance, « la vérification des faits fonctionne », estime Sander van der Linden, psychologue à l’Université de Cambridge (pour une recension de son dernier ouvrage, voir sur le site de Hubert Guillaud). Une méta analyse de 2019 montrait par exemple une influence significativement positive sur les convictions politiques. Reste que cette influence est moins efficace quand les échanges sont polarisés, explique le psychologue Jay Van Bavel : elle a peu d'impact auprès des publics dont les convictions sont faites.
Une étude sur la désinformation lors des élections présidentielles en France de 2017 montrait ainsi que le fact-checking parvenait parfois à corriger les connaissances factuelles sans avoir d'impact sur l'opinion des gens. Les croyances et les convictions sont parfois plus ancrées que les faits. Jay Van Bavel parle d'ailleurs de « cerveau partisan », qui a tendance à valoriser l’appartenance au groupe plutôt que l’exactitude. « Et dans les contextes polarisés comme les campagnes électorales, la pression pour affirmer ces identités de groupe est encore plus forte que d’habitude ». Une autre méta-analyse conclut également que, si les effets globaux restent positifs, « les effets de la vérification des faits sur les croyances sont assez faibles » et même « négligeables » dans de nombreux scénarios du monde réel.
De droite ou de gauche ? Concernant les allégations de Meta sur la partialité des vérificateurs de faits, Van Bavel convient que la désinformation de la droite politique est vérifiée et signalée comme problématique plus souvent que la désinformation de la gauche, sur Facebook comme sur d’autres plateformes. Mais il propose une explication simple : « C’est en grande partie parce que la désinformation conservatrice est celle qui se propage le plus ». Un constat qui fait écho aux travaux de Jen Schradie, autrice notamment de l’ouvrage L'illusion de la démocratie numérique : Internet est-il de droite ? (Quanto, 2022). Une étude publiée dans Nature l’année dernière avait d'ailleurs montré que si les personnes politiquement conservatrices sur X étaient plus susceptibles d’être suspendues de la plateforme que les libéraux, c'est d'abord parce qu'elles étaient plus susceptibles de partager des informations provenant de sites de désinformation.
Un contre-pouvoir avant tout ? Si elle n’a jamais prétendu pouvoir tout résoudre à elle seule, la vérification des faits favorise peut-être surtout la possibilité d’une éducation aux médias documentée sur le long terme et peut-être plus encore la responsabilité de ceux qui prennent la parole en ligne. La Deutsche Well Akademie rappelle combien, à travers la vérification des faits, « il s'agit aussi, dans une large mesure, de tenir les entités politiques responsables de leurs actes ». Dès lors, l’effet du fact-checking n’est peut-être pas tant à rechercher du côté du grand public que chez le personnel politique et les professionnels de l'expression publique, pour leur rappeler que s’ils font des déclarations trompeuses, ils seront contestés. C'est aussi ce qu'estiment les agences internationales chargées du fact-checking Africa Check, Chequeado et Full Fact. Les mesures annoncées par le groupe Meta sont à apprécier à cette aune. Elles privent tout un public, celui de la société américaine en l’occurrence, de contre-pouvoirs.
Vérification vs. Recommandation. Reste, conclut la Deutsche Well, que « le plus grand danger pour les vérificateurs de faits n’est donc pas que leur travail aggrave la situation, mais que le temps et l’énergie qu’ils consacrent à corriger la désinformation ne soient tout simplement pas rentables ». Comme le disait Arvind Narayanan, les problèmes des médias sociaux sont d’abord liés à l'optimisation de l'engagement. Tant que l'on n'aura pas conçu des alternatives pour penser autrement la viralité, les efforts faits par les vérificateurs pour retenir le rocher de la désinformation sembleront vains.
Musk, amplifié sous stéroïdes. C’est ce que montrent par exemple des articles récents qui tentent d’évaluer la sur-amplification dont bénéficie Elon Musk sur sa plateforme. Non seulement la portée et l'engagement des messages d'Elon Musk sur X sont plus élevés que d'autres, mais Musk est également beaucoup plus actif, publiant jusqu'à 130 messages par jour au cours du mois précédent l'élection américaine, estime le Washington Post, rapporté par Next. « Les publications d’Elon Musk (qui est le compte le plus suivi sur X avec 212 millions de followers) ont été vues au total 133 milliards de fois depuis juillet 2024. C’est 15 fois l’audience de Trump sur la même période et plus de 16 fois la portée combinée de tous les comptes appartenant aux membres du Congrès. » Si bien que, depuis son ralliement à Trump, en juillet 2024, ses publications ont obtenu beaucoup plus de vues, de retweets et de likes que d’autres comptes politiques importants sur la plateforme, expliquait une étude. De quoi poser des questions sur l'amplification démesurée dont il bénéficie de la part de sa propre plateforme... Un peu comme sa fortune, dont on évalue mal la démesure. 416 milliards de dollars, c'est environ comme s'il avait 100 000 dollars par mois durant... 350 000 ans.
🏃 En bref... Le reste de l’actualité du Conseil !
Jeudi et vendredi, la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique Clara Chappaz a animé deux cafés IA ! Le premier café s'est déroulé jeudi à La Place du Numérique à Massy. Le second s'est déroulé vendredi à La Fabrique des possibles à Vandœuvre. Ces échanges montrent, une fois de plus s'il en était encore besoin, qu’une démocratie de proximité est non seulement possible mais qu’elle est notre chance. Merci pour l'accueil de ces cafés qui augurent, on l'espère, de nombreux autres. Merci à l'ANCT et à toutes les équipes d'avoir rendu cela possible. ✦ « Toutes ces années, nous avons considéré qu’il était normal qu’un réseau social soit en monopole sur l’ensemble de ses fonctionnalités : la recommandation algorithmique, la modération, etc. Or il n’en va pas du tout nécessairement ainsi. [...] Aujourd’hui les réseaux sociaux sont une anomalie. Ce sont des structures sur lesquelles il n’est pas capable d’innover ou de proposer des choses meilleures. C’est ça que nous devons corriger. Ce qui s’ouvre à la Commission européenne, c’est un rôle d’architecte de cet espace informationnel. » Vendredi dernier, Jean Cattan intervenait au côté de Julien Le Bot au micro de Quentin Lafay dans le débat des Questions du soir sur France culture autour du sujet : l'Europe doit-elle s'inquiéter du changement majeur des pratiques de modération de Meta ? ✦ « Ne pas analyser l’émergence des réseaux sociaux comme un facteur politique premier, c’est le risque de mettre profondément en danger l’essence même des démocraties et c’est ce dont nous devrions nous préoccuper en Europe dans les années à venir. » Également en réaction aux récents propos de Mark Zuckerberg et d’Elon Musk, Gilles Babinet réagissait sur le plateau de C politique aux côtés de la ministre Clara Chappaz, d’Asma Mhalla, de David Djaïz et de Céline Spector. À visionner ici. « Café IA doit pouvoir créer du lien social et permettre à tout un chacun de passer à l’action. » Dans une interview pour Entreprendre.fr, Françoise Mercadal-Delasalles revient sur le rôle du Conseil et de Café IA.
👋 Avant de partir
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Cette lettre d’information a été préparée par Gabriel Ertlé et Hubert Guillaud, illustrée par Magali Jacquemet et réalisée avec le soutien de Joséphine Corcoral et Jean Cattan.