NEC Centre-Val de Loire : débattons de nos usages numériques !

Le 9 avril, nous étions à Orléans pour participer à une édition locale de Numérique en Commun[s]. Démocratisation des choix technologiques, accompagnement des usagers, intelligence artificielle et médiation... autant de sujets de débats riches qu’on vous raconte ici !

Vers une démocratisation des choix politiques technologiques ?

Pour débuter cette journée, Yaël Benayoun et Christelle Gilabert du Mouton Numérique interrogent le public à mains levées pour faire réfléchir sur la nature de nos choix en matière de technologie et ainsi comprendre s’ils sont individuels ou collectifs, contraints ou choisis. Deux pistes ont alors été discutées pour repenser collectivement une technologie démocratique et souveraine : 

  • désingénieuriser le numérique”, c’est-à-dire intégrer des savoirs expérientiels aux équipes d’ingénieurs et aux savoirs techniques ;
  • reterritorialiser le numérique”, en l’intégrant dans des circuits courts, locaux, et en ouvrant les instances délibératives aux citoyens.

Les intervenantes ont enfin encouragé à remettre au cœur de notre réflexion les choix politiques qui déterminent notre rapport au numérique, et à oser imaginer des changements ambitieux. Pour elles, le dialogue et le débat au cœur de notre relation aux outils numériques sont une étape décisive pour la définition d’une technologie plus démocratique.

Dématérialiser sans déshumaniser” : le numérique au service de l’animation de la vie sociale

Comment allier développement des compétences numériques et animation de la vie sociale ? A l’échelle de la région, environ 638 000 personnes seraient “en difficulté avec le numérique”. Face à cette situation, la fédération des centres sociaux Centre-Val de Loire propose des journées “animation de la vie sociale et inclusion numérique” qui visent à débattre, former et informer les usagers sur les thèmes de la parentalité, de la justice sociale, du vieillissement et des enjeux environnementaux.

Pour illustrer ces accompagnements, plusieurs intervenants ont ensuite partagé des cas concrets. Le centre social "Le Part'âges" s’appuie sur un maillage de conseillers numériques France Service et Emmaüs connect. A la Maison de Bégon des animations sont organisées autour du “numérique positif”, c’est-à-dire des formats comme du mapping vidéo, des motifs en réalité augmentée, des feux d’artifices numériques pour rassembler les habitants et créer de la convivialité.

Intelligence artificielle et accompagnement des publics

Pour lancer l’après-midi, Ulrich Tan, chef du pôle Datalab au sein de la direction interministérielle du numérique (DINUM) et notamment en charge de développer Albert, une suite d’outils publics d’intelligence artificielle générative à destination des agents de l’Etat, et Louis Magnes, responsable plaidoyer du Conseil, animent un échange autour de l’appropriation collective de l’IA dans la médiation numérique. 

Les interrogations sont nombreuses, “Et si jamais Albert se met à halluciner ?” ; “Comment conserver la capacité de l’agent à s’opposer à la réponse de la machine ?” ; “Quelle empreinte environnementale ?” ; “Comment l’IA va-t-elle réussir à s’adapter à la mouvance perpétuelle caractérisant l’administration française ?” ; “Comment faire si Albert n’a pas la réponse ?” ; “Quelle gouvernance ?” ; “L'IA est-elle là pour simplifier le travail ?”. 

Après avoir expliqué le fonctionnement des intelligences artificielles génératives et notamment la dimension d’erreur intrinsèque à ces systèmes, Ulrich Tan a rappelé la visée des différents outils Albert : accompagner les agents publics et non pas les remplacer. Les deux intervenants ont enfin insisté sur le besoin d’appropriation collective de ces outils, pour les agents publics dans leur choix de faire confiance ou non à la machine et pour les usagers.

Quels usages pour la médiation ? Les professionnels du secteur ont eu l'occasion de découvrir l’outil Albert lors d’une présentation animée par Ulrich Tan. Une participante insiste sur le côté déshumanisant de tels outils, soulignant à la fois le risque de perte de contact humain et, si ces outils s’avèrent efficaces, le risque de voir la cadence des accompagnements augmenter. Un autre participant s’interroge sur la place des collectifs citoyens dans la mise en œuvre de tels dispositifs. Des doutes sur l’utilisation des données inscrites au sein d’Albert émergent par ailleurs, avec souvent la question des finalités de réutilisation de ces données.

Connecter, équiper, accompagner” avec Emmaüs Connect

Pour clore la journée, l’équipe d’Emmaüs Connect a présenté son action pour lutter contre l’exclusion numérique. Selon eux, 8 millions de personnes seraient “exclues du numérique” en France, faute d’équipement. En 2020, Emmaüs Connect a lancé La collecte.tech pour répondre à ce problème. Le principe est simple : sensibiliser les entreprises et les collectivités territoriales aux enjeux sociaux numériques et les encourager à effectuer des dons d’équipements numériques, qui seront ensuite remis en état de fonctionnement par l’association et des reconditionneurs associés, avec la volonté d’acculturer à la question du réemploi des équipements. Pour atteindre l’objectif de la feuille de route France Numérique Ensemble de fournir 2 millions d’appareils reconditionnés aux plus modestes d’ici 2027, les intervenants appellent à créer de plus grandes coalitions dans la filière du réemploi.

Un grand merci au Hub-Lo pour l’invitation et pour l’organisation de cette journée ! 

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