Cultiver la richesse des réseaux

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  • Anne ALOMBERT

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  • Joëlle TOLEDANO

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À la suite de leur audition par les États généraux de l’information, Joëlle Toledano et Anne Alombert invitent à étudier de manière indépendante et impartiale la contribution à la création de valeur des acteurs de l’économie numérique pour ensuite penser les conditions de l’ouverture des réseaux sociaux à des innovations tierces et à une plus grande liberté de choix des utilisateurs. Cette note est issue de leur audition le 9 janvier 2024.

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Une contribution dans le cadre des États généraux de l’information et dans la perspective des élections européennes.

Ces dernières années, l’Union européenne a œuvré à instaurer un cadre de régulation des marchés et services numériques, désormais ponctué par l’accord politique sur le règlement sur l’intelligence artificielle. Pour établir les conditions de déploiement de services numériques favorisant la réponse aux risques sociétaux et économiques posés par les réseaux sociaux, mais également par l’émergence de nouveaux acteurs comme les intelligences artificielles génératives, Joëlle Toledano, économiste et Anne Alombert, philosophe, recommandent :

  • de poser le cadre permettant d’étudier et de partager de manière indépendante et impartiale les clefs de compréhension de la répartition de la valeur entre les acteurs de l’économie numérique, au risque sinon de voir se rejouer les rapports de puissances existants ;
  • penser alors les conditions de l’ouverture des réseaux sociaux à des innovations tierces, dans la poursuite de la résolution du Parlement européen sur les interfaces addictives.

 

Joëlle Toledano et Anne Alombert, membres du Conseil national du numérique :

La question de la répartition de la valeur n’est pas nouvelle mais largement ravivée par la généralisation des IA génératives, en réalité extractives de très nombreuses richesses. Assurer la compréhension des mécanismes de répartition de la valeur dans l’espace informationnel est une condition à l’établissement de rapports de force équilibrés entre acteurs. Cette compréhension objective, indépendante et partagée de la répartition de la valeur sera aussi une précondition de l’ouverture des réseaux sociaux aux innovations extérieures et à une plus grande capacité de choix et d’action des utilisateurs.

Étudier la répartition de la valeur

Les modèles économiques des plateformes dominantes sont aujourd’hui des espaces clos où aucune innovation extérieure n’est possible, captant une part importante de la valeur des contenus qui les alimentent. Le déploiement des intelligences artificielles génératives amplifie les craintes sur la qualité de notre accès à l’information et rend difficile d’établir la valeur des informations exploitées dans les services d’intelligences artificielles, en particulier grands modèles de langage.

Comment s’assurer que quelques acteurs ne s’approprient pas la valeur des contenus produits par un très grand nombre de personnes et d’entités ? La compréhension de la valeur économique des informations exploitées par les IA génératives et autres intermédiaires est un préalable indispensable.  

Une attente à l’égard des États généraux de l’information est qu’une plateforme de confiance puisse être créée pour rendre disponible des données en quantité et variées sans préempter l’avenir. Cette plateforme doit être en capacité de s’inscrire dans les flux de recherche et de régulation en cours mais aussi d’œuvrer dans des conditions réelles. Elle devra associer les différentes parties prenantes y compris des institutions dédiées à la recherche ou un intermédiaire de confiance.

Ouvrir et paramétrer les réseaux sociaux

Cette analyse permettra de poser les conditions dans lesquelles l’ouverture des réseaux sociaux pourrait être mise en œuvre, afin d’assurer une circulation de l'information plus démocratique tout en libérant le potentiel d'innovation qui a contribué à la richesse d'internet. Il s’agit aussi de permettre aux utilisateurs de configurer leurs expériences comme ils le souhaitent et de reprendre la main sur leurs environnements informationnels numériques.

La note détaille les moyens d’y parvenir d’un point de vue de gouvernance institutionnelle mais également technique, en allant au-delà du cadre de réflexion actuel orienté pour l’essentiel vers la protection du droit d’auteur et la mise en œuvre de moyens de modération par les très grandes plateformes numériques.

Une note réalisée avec le soutien de Jean Cattan, Joséphine Hurstel, Marie Bernhard, Agathe Bougon et Margot Godefroi.

 

Sommaire :

I. Comprendre les modèles économiques des plateformes numériques grâce à une plateforme de confiance
  1. L’évaluation de la valeur économique créée par les informations utilisées par les intelligences artificielles génératives (et autres intermédiaires de l’économie numérique)
  2. La nécessité d’une plateforme de confiance pour rendre disponibles les données
II. Repenser l’architecture de l’espace informationnel numérique en ouvrant les réseaux sociaux
  1. Le problème de la fermeture des réseaux sociaux et de la recommandation algorithmique
  2. La nécessité d’ouvrir les réseaux sociaux à des acteurs tiers
  3. Quels moyens concrets pour permettre l’ouverture des réseaux sociaux ?
  4. Penser l’ouverture dans le nouveau contexte de l’articulation entre réseaux sociaux et agents conversationnels