Retour sur la convention citoyenne sur l’IA organisée à Montpellier

Adjoint au maire, délégué à la ville apaisée, respirable et numérique, Manu Reynaud revient sur la première convention citoyenne locale mise en place sur l’intelligence artificielle par la Métropole de Montpellier.

Pourquoi et comment avez-vous organisé une convention citoyenne sur l’intelligence artificielle à l’échelle de la Métropole de Montpellier ?

Le débat sur l’intelligence artificielle s'est essentiellement construit à travers les médias, qui se sont largement penchés sur l’émergence des intelligences artificielles génératives depuis plus d’un an maintenant, partageant des interrogations, si ce n’est parfois de la défiance. Ce rapport sensible que nous entretenons avec la technologie et notamment avec l’intelligence artificielle en fait un sujet pivot, une porte d’entrée intéressante pour échanger sur le numérique dans son ensemble. Le pouvoir politique s’est par ailleurs emparé de la question, à l’image par exemple des principes directeurs et du code de conduite sur l’intelligence artificielle concrétisé lors du dernier G7

À l’échelle de la Métropole Montpellier, nous avons souhaité prendre les devants. Nous avons programmé une convention citoyenne pour réfléchir aux usages de l’intelligence artificielle dans notre territoire et pour ses habitants, suivant notamment les conseils d’un comité d’experts composé de Cédric Villani, Serge Tisseron, Anne Laurent, vice-présidente déléguée à la science ouverte et aux données de la recherche de l’Université de Montpellier, Arnault Ioualalen, Président Directeur Général de l’entreprise Numalis Emmanuelle Rial-Sebbag et Bertrand Monthubert, responsable de l’éthique et président d'Ekitia. C’est le service démocratie citoyenne de la métropole de Montpellier qui s’est chargé de mettre en place ce dispositif de convention citoyenne, qui nous permettait aussi de prendre le temps de la réflexion. Nous nous sommes fait accompagner par des spécialistes des panels pour assurer une représentativité à l’échelle de notre territoire et par à un cabinet spécialisé en transformation numérique. Ces personnes étaient aussi essentielles en ce qu’elles ne faisaient pas partie du monde de la collectivité.


Les 40 membres de la convention citoyenne réunis autour de Manu Reynaud et Séverine Saint-Martin, adjointe au Maire déléguée au renouveau démocratique et à l'innovation sociale, en janvier 2024 à l'Hôtel de Ville de Montpellier.   Crédits : Ludovic Severac – Ville et Métropole de Mont

Qu’en tirez-vous ?

Le grand message qui se dégage de leurs propositions est l’importance de notre capacité à choisir parmi ce qui nous est utile et ce qui ne l’est pas. En ce sens, l’avis rendu précise que : « la Convention juge essentiel d’effectuer une évaluation préalable au déploiement de tout projet ayant recours à l’intelligence artificielle. » Ils ont également énoncé dans ce même avis que l’utilisation de l’intelligence artificielle associée à des caméras devrait faire l’objet d’un débat démocratique. J’en profite pour préciser que nous sommes la première ville à avoir refusé l’usage de la vidéosurveillance algorithmique.

« Cet avis n’est pas figé, car en matière d’intelligence artificielle tout va très vite. Cet avis est donc… à suivre! » Outre la volonté affichée des conventionnés de suivre concrètement la mise en œuvre de leurs recommandations, ce qui témoigne de la nécessité d’agir, ces mots traduisent leur ressenti vis-à-vis de l’exercice auquel ils ont participé : pour eux, une convention citoyenne est une photographie à un instant précis alors que la technologie évolue sans cesse. Enfin, bien qu’il soit éphémère, cet exercice a permis aux conventionnés de mieux appréhender les enjeux en matière d’intelligence artificielle alors même que pour beaucoup, le sujet leur était totalement étranger au début de l’exercice.

Cette convention est en outre le premier exercice de ce type sur l’intelligence artificielle en France, et un sujet nous permet d’impulser de nouveaux processus démocratiques à l’échelle de notre collectivité. Suite aux propositions, nous avons amorcé la phase de traduction opérationnelle des recommandations de notre convention dans la future stratégie IA et Data de la Métropole de Montpellier, parmi lesquelles la transparence, le contrôle, la confiance ou encore la maîtrise de l’intelligence artificielle. On se confronte maintenant à la réalité technique et administrative de comment on projette les préconisations proposées par notre convention de manière politique : quelle comitologie mettre en place ? quelle doctrine définir ?

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