Les métavers en débat : rétrospective de l’événement

Un an après la publication du rapport de la mission exploratoire sur les métavers, 120 personnes se sont rassemblées le 7 novembre pour prolonger le débat autour des enjeux et actualités des univers immersifs. Compte-rendu.

La mission exploratoire sur les métavers, établie en février 2022 par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, le ministre de la Culture et le ministre délégué chargé du Numérique a rendu son rapport en octobre 2022. La mission a été pilotée par Camille François, professeure à l’université Columbia, Adrien Basdevant, avocat chez Entropy et membre du Conseil national du numérique et Rémi Ronfard, directeur de recherche à Inria. Le rapport propose des clés de compréhension et des opportunités d’actions pour rassembler les acteurs français et européens autour d’un horizon commun.

Lire le rapport

Un an après la publication du rapport, les métavers ne font plus les unes des journaux. Comme le souligne Rémi Ronfard dans l’édito de la lettre d’information du Conseil, on peut se réjouir que la couverture médiatique cède la place à une véritable réflexion sur les enjeux soulevés par le développement des univers virtuels immersifs ainsi qu’à la mise en œuvre de politiques publiques pour soutenir les acteurs. Rassemblant plus de 120 participants à l’Hôtel des Ministres de Bercy le 7 novembre dernier, la rencontre organisée par le Conseil national du numérique, Inria et la Direction générale des entreprises avait justement vocation à prolonger ces réflexions. Retour sur cette rencontre riche en discussions avant la publication d’un compte-rendu plus détaillé.

Soutenir la multitude d’acteurs et d’initiatives

L’objectif de l'événement ?  Rassembler les acteurs français qui œuvrent au quotidien pour développer des univers virtuels immersifs, proposer des contenus culturels innovants et répondre aux grandes questions que soulèvent le développement des métavers. Alors que le rapport pointait déjà les pionniers et les pépites français des métavers, la rencontre a mis en lumière ces acteurs et la logique d’écosystème qui les anime. On peut à ce titre se réjouir des annonces faites par Maud Clavier de VRrOOm et Fred Volhuer d’Atlas V du lancement de nouveaux projets culturels ambitieux, qui témoignent une fois de plus du savoir-faire et de la renommée de l’industrie culturelle française.

Ce constat invite à soutenir davantage la multitude d’acteurs et d’initiatives françaises dans les univers virtuels immersifs. Un message partagé dans les prises de parole introductives qui ont rappelé les actions gouvernementales et institutionnelles en cours et à venir pour soutenir cet écosystème.

“Les technologies immersives sont une filière stratégique pour notre pays. Les univers immersifs vont structurer les secteurs numériques dans les années à venir et il est important que la France dispose d’une souveraineté dans ces domaines-là. [...] Cet engagement est porté par la Première ministre dans le cadre des 54 milliards d’euros mobilisés dans le cadre de France 2030”, a rappelé Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du Numérique. Par ailleurs, le ministère a lancé en début d’année la task force “Régulation des univers virtuels immersifs” pour définir des principes directeurs au développement des métavers. Thomas Courbe, directeur général des Entreprises, est également revenu sur les actions en cours et à venir du ministère pour le développement d’une offre souveraine sur les métavers : “nous avons une centaine de projets en recherche fondamentale sur des applications de type métavers”. A côté de quoi il est également essentiel de favoriser l’innovation sur d’autres briques technologiques, qui seront constitutives des métavers : l’intelligence artificielle et le cloud notamment.

L’immersif s’impose comme un espace de dialogue entre les mondes réel et virtuel, entre les générations et entre les industries [...] il faut [dès lors] intensifier les liens entre les mondes de la recherche, de la culture et de l’industrie et investir dans nos écosystèmes nationaux qui sont des opportunités pour les artistes” a notamment rappelé Florence Philbert, directrice générale des médias et des industries culturelles. Le ministère de la Culture accompagne les acteurs des métavers, avec les Programmes d’Investissement Avenir, avec Ircam Amplify, avec les établissements publics dédiés aux enjeux immersifs, le plan d’investissement France 2030.

Bruno Sportisse, président-directeur général d’Inria a pour sa part rappelé les nombreux défis à relever pour assurer un développement des métavers, ce qui appelle à mobiliser la recherche publique sur ces enjeux. Il a annoncé le lancement d’une mission confiée à Rémi Ronfard pour faire vivre les enjeux du métavers en interne et auprès des partenaires d’Inria.

Définir un horizon commun pour les acteurs français des métavers et de l’immersif

Comme l’a rappelé Florence Philbert, directrice générale des médias et des industries culturelles, “les univers immersifs sont prescripteurs de nouveaux modèles économiques, et porteurs d’opportunités pour les industries culturelles, de réintermédiation, et d’un meilleur partage de la valeur pour les ayants droits. [...] Ces univers immersifs doivent en premier lieu nourrir et réinventer des lieux de culture, participer à réduire les inégalités territoriales, à donner davantage accès, à accroître l’attractivité et le rayonnement de notre offre culturelle, à de nouveaux publics français et internationaux.” Ils sont également porteurs d’opportunités économiques nouvelles. Comme cela était identifié dans le rapport de la mission exploratoire, ils ouvrent un nouveau chapitre de la création numérique, qui explore depuis des décennies de nouveaux formats au gré des évolutions technologiques. Une hypothèse formulée par Rémi Ronfard : “Après les arts du son et de l’image en mouvement, les métavers permettront de transmettre à distance les arts de l’espace. Dans cette hypothèse, les environnements virtuels immersifs prennent naturellement la suite de la radio et de la télévision. [...] Comme la radio et la télévision, les métavers vont peut-être transformer notre société et susciter des débats légitimes.”.

Les moments d’échange, complétés par les interventions du public, ont justement été l’occasion de revenir sur les questionnements légitimes soulevés par le développement des métavers : qu’il s’agisse d’enjeux économiques, culturels, environnementaux ou de santé publique. Comment imaginer la protection des données personnelles, en particulier des données émotionnelles collectées grâce aux mouvements des corps dans ces univers virtuels ? Alors que les métavers sont des simulations consommatrices d'énergie, comment concilier développement technologique et impératifs écologiques ? Faut-il penser une forme de souveraineté française sur les briques technologiques constitutives des métavers ? Autant d’enjeux essentiels à un bon développement des univers virtuels immersifs, auxquels Serge Tisseron, Tina Nigro et Benjamin Ninassi ont répondu. Sans oublier le rôle de la recherche publique pour répondre à ces questionnements, un message partagé par Anatole Lécuyer.

Le rapport de la mission exploratoire prenait le parti de proposer une définition des métavers et de définir des grands enjeux à explorer, en laissant le débat ouvert sur de nombreux sujets. Dans la lignée des recommandations du rapport, il convient de mettre ces grands questionnements au centre du débat et de définir un horizon commun pour les acteurs français et européens. Les nombreux rapports qui sont parus dernièrement témoignent de cet engouement pour le sujet et du besoin de dialogue, place désormais au débat !

Un grand merci aux participants de cette rencontre, ainsi qu’à l’ensemble des intervenants ! Un compte-rendu détaillé des échanges sera partagé pour mettre en lumière les idées de chacun.

Découvrez l’événement à travers les photographies de Marie Magnin, accessibles ici.

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