Une 13e étape dans le Grand Est : débattre pour décrypter ensemble nos pratiques
Pendant une semaine, le Conseil a parcouru le Grand Est et animé plusieurs moments de débat avec des adolescents et des citoyens afin d’évoquer les impacts du numérique sur notre quotidien.
Pour cette treizième étape d’Itinéraires numériques, le Conseil a passé la semaine dans le Grand Est. Pendant cinq jours, d’abord à Epinal, Thaon-les-Vosges et Gérardmer, puis à Strasbourg et finalement à Bitche, nous avons rencontré des élus, enseignants et médiateurs, acteurs de l’éducation populaire, conseillers numériques. Un déplacement sous le signe des publics scolaires puisque nous avons pu débattre avec plus de 400 collégiens, lycéens et étudiants.
Chaque séquence a été organisée aux côtés de partenaires locaux, en fonction des besoins exprimés par ces derniers. Des élus, enseignants et médiateurs d’Epinal et de Bitche ont ainsi souhaité évoquer l’accompagnement des parents et des enfants face aux impacts du numérique ; des enseignants et animateurs de l’ensemble scolaire de la Haie-Griselle de Gérardmer, du lycée Kléber de Strasbourg, du lycée Teyssier et du collège Kieffer de Bitche ont voulu proposer à leurs élèves des débats autour de l’économie de l’attention et de la construction des fausses informations ; des élus de Thaon-les-Vosges et des médiateurs du Shadok de Strasbourg ont engagé la conversation sur les lieux où peut se (re)nouer du lien humain… La mobilisation de ces acteurs de proximité est indispensable à l’ouverture du débat autour de nos pratiques, et nous tenions à remercier l’ensemble de ceux qui ont rendu possible ces journées riches en échanges et en rencontres.
Comment articuler l’accompagnement des élèves et des parents par les enseignants et les dispositifs d’éducation populaire au numérique ?
Voilà le sujet des deux premiers échanges auxquels nous avons été conviés le 6 février 2023 à Epinal, à l’invitation de la municipalité, puis au sein du tiers-lieu Ailleurs. Ces questions ont également fait l’objet d’une rencontre à Bitche, où l’équipe de la micro-folie propose des activités pour faire valoir un numérique “au service de la pédagogie”. Au fil de ces discussions, beaucoup de réflexions ont émergé sur le décalage générationnel entre les usages et les manières de vivre le numérique… qui justifie plus encore l’échange, la compréhension et le débat entre jeunes et moins jeunes.
En paroles :
- « On perd une partie des jeunes, c’est plus profond qu’une simple crise d’usages. »
- « Je n’ai jamais eu autant d’entraide qu’avec ça. » [au sujet d’une expérimentation sur la collaboration, via le numérique, entre les élèves d’une classe de primaire]
- « En tant qu’enseignants, on est pris entre deux feux. » [les injonctions à limiter l’usage de l’écran en classe, et une arrivée massive d’outils dans les écoles]
- [au sujet des débats publics organisés dans des cadres institutionnels] « Les jeunes se disent si c’est juste pour écouter un mec parler, je peux aller sur YouTube .»
Comprendre les mécanismes des plateformes pour reprendre la main
À Gérardmer, des lycéens ont parlé des impacts du numérique sur notre quotidien, et en particulier des enjeux d’économie de l’attention (étudiés par le Conseil dans un récent dossier) à l’occasion de deux conférences-débat. Des échanges prolongés en soirée avec des citoyens gérômois dans le bar associatif Le Grattoir, puis à Bitche, quelques jours plus tard, auprès de lycéens de première, puis de collégiens. A Strasbourg, nous avons pu échanger avec des étudiants de classe préparatoire économique et commerciale générale (ECG) du lycée Kléber autour de la construction et de la transmission des fausses informations.
Mercredi, nous étions à @strasbourg au @LyceeKleber
pour discuter avec les élèves de prépa ECG des enjeux de diffusion des fausses informations et de théories du complot.Merci pour l'accueil et ces échanges dynamiques 🙏. pic.twitter.com/5qOqw4IWOc
— CNNum (@CNNum) February 9, 2023
Partout, le même constat partagé par les adolescents et leurs aînés : nous nous sommes tous déjà dit “je passe trop de temps sur mon téléphone”, mais comment reprendre la main ? En premier lieu, il faut comprendre comment fonctionnent ces plateformes et ces applications, décortiquer les ressorts de la captologie et diffuser des clés de compréhension sur les mécaniques à l’oeuvre.
Suite et fin de notre séjour avec 2 jours à Bitche.
Qui a l'impression de passer trop de temps sur son téléphone ? Qui pense que ses parents y passent trop de temps ?
Discussion animée avec près de 200 collégiens et lycées ! La conclusion ? Il faut aussi en parler en famille. pic.twitter.com/103Y7RjwhO
— CNNum (@CNNum) February 13, 2023
Si des leviers sont activables à toutes les échelles (européenne, nationale, départementale…), c’est le niveau individuel, familial ou local qui est souvent revenu lors des débats menés : que peut-on faire dans son lycée ou en famille pour lutter contre la captation de notre attention ? Certains partagent ainsi des bonnes pratiques, plus ou moins efficaces : sport et promenades en forêt, contrôle du temps d’écran, désinstallation d’applications…
Ces échanges soulignent par ailleurs le besoin de pouvoir en parler, dans des espaces publics, mais également dans des sphères plus intimes, entre amis, en famille… des conversations qui ne sont pas si évidentes qu’on peut l’imaginer de prime abord, sur des questions aussi polarisantes, et parfois source de conflits. L’accès à des lieux tiers, où ces sujets peuvent être abordés en confiance, sans jugement, entre pairs ou avec des médiateurs, semble donc important.
En paroles :
- « Je n’en parle pas car j’ai peur de me faire engueuler. » [au sujet du temps passé par les uns et les autres sur les écrans]
- « ça ne va pas, c’est privé ! » [quand on demande à un collégien s’il montre ce qu’il voit sur TikTok à ses parents ou à ses amis]
Quels lieux pour faire et être ensemble ?
Cédric Haxaire, maire de Thaon-les-Vosges, s’interroge sur la revalorisation d’une ancienne friche industrielle au cœur de sa commune. Comment faire émerger des communautés d’intérêt autour de ces lieux qui peuvent être porteurs d’une revitalisation des petites villes ? Une dynamique de long terme, qui doit s’appuyer sur la communauté locale et ses besoins.
Au café 3e Rive d’Epinal, au Grattoir de Gérardmer, au Shadok de Strasbourg ou à la micro-folie de Bitche, sont proposées des pistes de réponse à ces questions : ce sont des lieux du lien, on s’y retrouve, on partage un café, on accompagne ses enfants et on découvre avec eux… mais aussi des lieux de débat et de politisation.
En paroles :
- « Le tout, c’est pas d’avoir un fablab, c’est le projet qu’on met autour.»
- « Le numérique est partout, et en même temps, on n’a nulle part où en discuter. »
On en parle dans la presse :
- Gérardmer Info : Itinéraires Numériques » fait étape à Gérardmer : les lycéens débattent sur « l’économie de l’attention
- Vosges matin : Une semaine de rencontres et de débats autour de l’impact du numérique
- Le Républicain Lorrain : Comprendre les enjeux et dangers du numérique
- Mosaïk Cristal TV : Le Conseil national du numérique de passage à Bitche
Lire l'ouvrage Lire la restitution de la démarche.
Lire l'ouvrage Découvrir le carnet de bord d'Itinéraires numériques.