Cénum - La lettre du Conseil #46 - ChatGPT : repenser notre rapport à l'IA
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LA VIE DU CONSEIL
Face aux progrès de l'intelligence artificielle, repenser notre relation à l'esprit pour mieux appréhender le numérique. Dans son nouvel ouvrage Schizophrénie numérique, Anne Alombert nous invite à faire du numérique une question politique et de transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés, en des technologies réflexives et contributives, susceptibles de faire communiquer nos esprits. Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous le 18 avril ! Anne Alombert présentera son livre dans le cadre du cycle de rencontres ASDN, organisé en partenariat avec Renaissance numérique et Le Tank. En attendant, (ré)écoutez son entretien dans le dernier épisode du podcast Le Meilleur des mondes.
Rendez-vous le mardi 18 avril 2023 à 17h30
En présentiel au Tank, 32 Alexandre Dumas Paris 11,
(places limitées) et en ligne
"En faisant des réseaux sociaux des moyens d’enrichissement et d’apprentissage social, nous pouvons modeler des outils et une expérience conformes à nos principes et à nos objectifs ". Pour La nouvelle république, Jean Cattan revient sur le besoin d'ouverture des réseaux sociaux et sur l'approche du Conseil national du numérique, considérant le numérique comme un fait social total, en marge de la conférence CarnetPro.
Quels mécanismes psychologiques sont à l'œuvre dans la transformation de nos rapport au numérique ? Serge Tisseron était l'invité du podcast Trenchtech pour un nouvel épisode sur la façon dont le numérique nous affecte en tant qu'êtres humains. À écouter ici.
THÉMATIQUE
Entre mythes et fantasmes, prendre du recul sur le déploiement de ChatGPT et autres intelligences artificielles pour un débat apaisé
ChatGPT et plus globalement les avancées en matière d’intelligence artificielle font l’actualité tous les jours, suscitant de vives réactions de l’ensemble des acteurs : émerveillement, opportunité, peur, interdiction ou arrêt de la recherche et moratoire. Évolution des techniques, transformation de nos usages et révolutions des pratiques, elles invitent à interroger plus globalement leur impact sur nos manières d'apprendre, sur l’éducation, l’économie, l’emploi, le travail, la démocratie…
Pour collectivement appréhender ces sujets et nourrir un débat apaisé, vous trouverez ci-dessous des ressources et exemples des membres du Conseil national du numérique ou de personnalités extérieures avec lesquelles nous avons échangé.
Nos membres en parlent
Anne Alombert, enseignante-chercheuse en philosophie
Anne Alombert interroge l’impact potentiel de ChatGPT sur l’individu, ses capacités de mémorisation et in fine notre manière de faire société dans un papier intitulé "Comment penser ChatGPT ?" et dans Usbek et Rica. Entre le besoin d’ouverture et de transparence pour soutenir les usages créatifs et le risque de défiance généralisée liée au déploiement massif de ces technologies alors que la confiance est indispensable pour faire société, elle insiste sur la nécessité de profiter de ces actualités pour s’interroger sur l’avenir de nos civilisations numériques. Elle en parle sur Télématin ou encore sur Franceinfotv.
"S’il y a bien une machine à laquelle on ne peut attribuer ni l’intelligence, ni la conversation, ni la conscience, c’est ChatGPT."
"Plutôt que de se demander si nous devons accompagner ou interdire ChatGPT, il s’agirait de s’interroger sur les dispositifs numériques au service de l’intelligence collective et porteurs d’avenir pour les sociétés."
"Avec ChatGPT, nous n’exerçons pas nos capacités d’interprétation, de réflexion, de critique et de délibération."
Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique
Gilles Babinet décrypte l’impact de ces technologies sur l’emploi et l’économie et appelle à soutenir l’innovation et la recherche notamment à travers des plans de financement et une approche différente du risque. Ses chroniques dans Les Échos, son interview dans “L’invité des matins” sur France Culture ou son passage dans Clique sur Canal + le 18 janvier et le 20 mars.
“A chaque fois qu’une technologie apparaît, il est souvent dit, de manière unanime, que le travail va disparaitre. En réalité, il va y avoir un très gros glissements des métiers. On ne va plus travailler de la même manière.”
“Seules des technologies de rupture, l'IA en tête, seront capables de fournir les gains de productivité et les systèmes à même d'affronter un monde devenu plus incertain en raison de facteurs environnementaux et géopolitiques nouveaux.”
Jean-Marc Vittori, éditorialiste
Jean-Marc Vittori s’intéresse à l’écart entre les enjeux liés à l’emploi et la durée effective de mise en place des évolutions dans une chronique ici. Il décrit la technologie et l’importance d'apprendre à s’en saisir dans une autre.
“Cela ne veut pas dire que le numérique ne va pas bouleverser l'emploi.[...] Mais il faut du temps. Du temps aux entreprises d'abord. [...] Force est toutefois de constater que les nouveaux venus ont du mal à effacer les anciens. [...] Et ce n'est guère étonnant, car au-delà du temps de l'entreprise, il y a aussi le temps de l'humain. Et celui-là reste un temps long, qui se compte non en semaines ou en années, mais en générations. Même quand tout semble aller de plus en plus vite.”
Justine Cassell, linguiste, chercheuse en IA
Justine Cassell, linguiste et psychologue de formation, travaille sur les interactions entre humains et machines au sein de l’Institut de recherche interdisciplinaire en intelligence artificielle PRAIRIE, avec une attention particulière au rôle que peuvent jouer les technologies conversationnelles dans le monde du travail et dans l'éducation des jeunes. Elle a été pionnière dans l’étude des aspects linguistiques des agents conversationnels et est l'une des spécialistes de ce sujet en France et aux États-Unis. Une intervention pour le NewYorkTimes ici.
“The worst thing parents can do is forbid their child to use these new systems because they are here to stay. Helping their child understand the positives and negatives is far more helpful.”
Eric Salobir, président de la Human Technology Foundation
Eric Salobir est le fondateur du réseau OPTIC qui vise à promouvoir le développement des technologies au service de l’humain et du bien commun. Également président du comité exécutif de la Human Technology Foundation, il considère que ces évolutions sont un appel prégnant pour renforcer nos systèmes médiatiques et démocratiques. Il en parle ici.
“Avec ChatGPT, il est important de vite bâtir une réflexion éthique et démocratique pour prendre de l’avance sur cette technologie et pour comprendre comment elle fonctionne."
Serge Tisseron, psychiatre
Psychiatre, Serge Tisseron a créé en 2013 l’Institut pour l'Étude des Relations Homme-Robots (IERHR). Ses travaux portent notamment sur la relation aux écrans, en particulier des jeunes publics (il est le concepteur des repères "3-6-9-12, pour apprivoiser les écrans") Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les robots conversationnels comme L’emprise insidieuse des machines parlantes. Il en parle d'ailleurs ici.
"Le brouillage des repères entre l’homme et la machine nous permettra de nous adresser aux unes et aux autres exactement de la même façon. Ce sera un gain considérable de temps, d’apprentissage et d’énergie. Mais les problèmes ne tarderont pas à suivre. Tout d’abord, en interagissant avec des machines comme avec des humains, nous oublierons vite que derrière les machines, il y a des programmeurs. Mais l’homme qui s’adresse à une machine parle en réalité toujours aux programmeurs qui se tiennent derrière elle."
Olga Kokshagina, enseignante-chercheuse en management de l'innovation
Olga Kokshagina est enseignante-chercheuse en management de l'innovation à EDHEC Business School. Ses recherches portent sur la gestion stratégique du design, le management de l'innovation et la technologie, la transition numérique, ainsi que l'entrepreneuriat. Elle s'intéresse aux organisations interdisciplinaires qui explorent de grands défis tels que la santé, le changement climatique, ou la transition énergétique, ainsi que la régulation des technologies émergentes et le futur de travail. Elle a coécrit un papier dans The Conversation sur la régulation de ChatGPT.
"Governments should engage with industry to co-develop a global framework that lays out comprehensive rules governing AI development. This is the best way to protect against harmful impacts and avoid a race to the bottom. It also avoids the undesirable situation where governments and tech giants struggle for dominance over the future of AI."
Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne
Paul Midy est député de la 5ème circonscription de l’Essonne. Il est membre de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale où il se consacre essentiellement au numérique. La régulation des mondes numériques et de l'intelligence artificielle font partie de ses priorités. Il en parle notamment dans une tribune pour Les Echos et dans un débat dans La Tribune.
"Interdire ChatGPT n'est pas la solution, il faut au contraire former les étudiants à ces nouvelles technologies et les utiliser à terme de façon appropriée pour améliorer leurs connaissances et leur performance."
Ils nous en ont aussi parlé
Laure Soulier, maîtresse de conférences en informatique au sein de l’équipe Machine learning for information access de l’ISIR (Sorbonne Université, CNRS). Elle décrypte le fonctionnement de ChatGPT pour mieux l’appréhender et structurer consciemment nos usages de l'IA. Un entretien à lire ici.
Juan Sebastian Carbonell, chercheur en sociologie du travail à l’ENS Paris-Saclay, au Gerpisa, groupe de recherches sur l’industrie automobile considère que “Les conséquences des nouvelles technologies sur le travail ne se réduisent absolument pas à la question de la substitution ou du remplacement.” Il observe trois autres effets : “la requalification, l’intensification et le contrôle du travail”. Entretien disponible ici.
Yann Ferguson, sociologue à l’Icam, analyse l’intégration des systèmes d’intelligence artificielle dans l’environnement professionnel. À lire ici.
Bruno Sportisse, PDG d’Inria, appelle récemment dans une tribune à renforcer la recherche, la formation et l’innovation dans le numérique. Bruno Sportisse nous avait partagé sa vision pour reprendre en main son destin numérique dans un entretien disponible ici.
Nicolas Roussel, directeur du centre Inria de Bordeaux, insiste sur le besoin de dialogue permanent avec les publics “pour mesurer ce qu’ils comprennent de ce que nous faisons, pour comprendre leurs attentes et pour voir ce que nous pouvons faire ensemble pour y répondre.”
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