Cénum - La lettre du Conseil #62 - Communs numériques et démocratie

Au menu : des communs numériques au service de la démocratie, faire réseau avec tous les acteurs de l'éducation, intelligences artificielles génératives, régulation, fausses informations.. des actus et des événements !

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DES COMMUNS NUMÉRIQUES POUR ÉTENDRE LE CHAMP DE LA DÉMOCRATIE

Intelligence artificielle générative, données d'intérêt général, construction des savoirs… La recherche de solutions face aux défis qui font l’actualité converge souvent vers un même remède : les communs numériques. Ce modèle de gouvernance singulier fondé sur l’horizontalité, le partage, la coopération et la contribution se dresse comme un moyen de contrer les tendances de domination auxquelles nous faisons actuellement face dans nos vies numériques. Sans prétendre offrir une solution miracle, poser la question des communs ouvre la voie vers une autre manière de penser nos ressources numériques et les mettre au service de l'intérêt général. En privilégiant une approche systémique où les principes d’égalité et de coopération sont au cœur de leur fonctionnement, les communs numériques ouvrent sur l’opportunité d’une conversation entre les citoyens, mais aussi avec l'État, les associations et les acteurs commerciaux. Ils favorisent les échanges entre les parties concernées par l’usage et la préservation d’une ressource commune, devenant des lieux où s'organise une politisation des enjeux soulevés par le numérique. À l’heure où il est plus que jamais nécessaire d’envisager le numérique non pas comme un moyen mais comme un milieu, les communs numériques ouvrent des perspectives pour étendre le champ démocratique.

2 ÉDITIONS LOCALES DE NEC POUR PENSER LES COMMUNS NUMÉRIQUES

  • 200 personnes se sont réunies à Lille le 7 novembre dernier pour une journée intitulée "Les communs au service d'un numérique pour tous". Louis Magnes a animé avec Alexis Kauffmann (chef de projet logiciels et ressources éducatives libres au Ministère de l’Éducation nationale), Rémy Gerbet et Xavier Cailleau (directeur exécutif et chargé de mission partenariats de Wikimédia France) un atelier de contribution à la page Wikipédia “Commun numérique” pour l'enrichir et l’actualiser. Margot Godefroi a animé une masterclass à destination des élus locaux pour présenter les opportunités qu'offrent les communs numériques pour une collectivité territoriale. De nombreuses clés de compréhension pour mettre ces outils au service d’un numérique plus respectueux de l'intérêt général et permettre à l’État de se renouveler y ont été partagées. Retour d’expérience à lire ici.
  • Le 8 novembre, à l’occasion du premier NEC ESS Europe organisé par Social Good Accelerator (SOGA), Margot Godefroi est intervenue à la table ronde portant sur “Données d'intérêt général - Construire un partenariat public-communs avec l’ESS ?”. L’occasion d’explorer les voies qu’offrent le modèle des communs pour reconsidérer les données d'intérêt général à l’aune des valeurs portées par le monde de l’ESS. On en parle ici.

Retour sur notre partenariat avec Numérique en Commun[s] - Près d’un mois après l’édition nationale 2023 de NEC qui s’est tenue à Bordeaux, c’est l’heure du bilan ! Que retenir de cette édition dont nous étions partenaires ? Quelles suites donner aux 6 ateliers ? C’est par ici avec une série de billets dédiés à chacun des moments phares de la programmation portés par le Conseil en lien avec de nombreux acteurs.

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Les stratégies de Wikimédia face aux IA génératives - L’essor de l’intelligence artificielle générative représente un défi majeur pour les ressources en accès libre, qui alimentent la plupart des jeux de données utilisés pour entraîner les grands modèles de langage. Lors d’un séminaire du 16 novembre organisé par le Centre Internet Société du CNRS, Nathalie Casemajor, professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS à Montréal, a présenté comment l’un des plus grands communs numériques, l’encyclopédie Wikipédia, s’adapte pour protéger son modèle de production collaborative de savoirs face aux développements de ces nouvelles technologies.

ON Y ÉTAIT 

FAIRE RÉSEAU AVEC TOUS LES ACTEURS DE L'ÉDUCATION

  • Invité au salon Educatech, Jean Cattan a participé à une table ronde animée par Marie-Caroline Missir, directrice générale de Réseau Canopé, aux côtés de Deborah Elalouf-Lewiner (Tralalère) et de Grégoire Borst (Professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives et Directeur du LaPsyDe (CNRS)) sur le thème de la littératie numérique. La question du numérique à l’école n’est pas uniquement celle des outils mais aussi celle de l’ouverture de l’institution sur la “culture du questionnement” et de l’exploration (relire le Paroles de de F. Taddei). Pour aborder cette transition et en lieu et place d’un isolement potentiellement dévastateur face aux écrans, renforçons nos liens sociaux et faisons réseau, un terme naturellement cher à Réseau Canopé, avec qui nous avons le plaisir de collaborer toujours plus.
  • Lundi et mardi, nous étions à Brest pour parler et faire culture numérique avec une centaine d'enseignants et formateurs dans le cadre du séminaire Territoires Numériques Éducatifs du Finistère. A l’occasion d'un atelier animé par Gabriel Ertlé et d'une conférence de Jean-Baptiste Manenti et Agathe Bougon, nous avons rappelé le besoin de diffuser une culture numérique partagée et d’envisager un apprentissage différent, revenant sur les nombreux débats organisés avec des collégiens, lycéens, parents et enseignants ces deux dernières années et que nous poursuivons, en particulier avec le Conseil régional des jeunes de la région Bretagne. Merci pour l’invitation et les riches échanges !

Associer le monde de la recherche à la régulation numérique - L’Arcom a réuni pour la deuxième fois le 16 novembre des chercheurs en sciences humaines et sociales et les régulateurs pour discuter des grands enjeux autour de la mise en œuvre du règlement sur les services numériques. Enjeux de modération et de régulation des contenus, rôle des médias dans la polarisation des opinions politiques, droit au paramétrage des algorithmes de recommandation… De nombreux échanges et partages d’importants travaux de recherche.

De lundi à mercredi était organisée une très belle édition des Dauphine Digital Days. Lundi, une partie des échanges étaient conduits par Joëlle Toledano avec notamment la participation de Camilla Penzo du PEReN et de Adrien Basdevant, avocat et membre du Conseil. Au menu, la question fondamentale de savoir sur quelles données et dans quelles conditions d’exploitation il est possible d’entraîner des modèles d’IA générative. Entre données blanches, grises ou noires (Benoît Sagot, Inria), les limites et possibilités du scrapping (Adrien Basdevant) et les divergences entre les cadres juridiques, l’impression qu’il en ressort est que tout reste à éclaircir. Avec en arrière-plan l’enjeu de savoir que faire des modèles entraînés en usant de ressources exploitées de manière possiblement illicites.

Circulation des fausses informations, éducation aux médias, impact de l’IA sur les méthodes de rédaction, régulation… Joëlle Toledano intervenait dans une édition particulièrement dense et riche de l’événement Médias en Seine dans un panel sur les enjeux de régulation de l'IA et le rôle de l’Union européenne, aux côtés de l'eurodéputé Brando Benefei, le professeur Raja Chatila et Benoît Tabaka, secrétaire général de Google France.

ON S’Y RETROUVE

Parlons IA : 

  • Mardi 28 novembre, Anne Alombert et Gilles Dowek interviennent à l’Académie des sciences dans le cadre du cycle de rencontres “Des clés pour comprendre”. Aux côtés de Serge Abiteboul, Daniel Andler et Laurence Devillers, ils discuteront autour du thème “l’intelligence artificielle est-elle intelligente ?”. Inscriptions.
  • Mardi 28 novembre se tient également le colloque international intelligence artificielle et humanités organisé par Internet Society et le Domaine d’Intérêt Majeur sciences du texte et connaissances nouvelles. Anne Alombert y intervient à 10h30 pour une table ronde sur les techniques émergentes au service des savoirs immémoriaux, aux côtés de Stéphane Bortzmeyer, Matthieu Husson et Célia Zolynski.
  • Mercredi 29 novembre, Serge Tisseron participe à la plénière d'ouverture de la soirée « avoir confiance dans l'intelligence numérique ? » organisée dans le cadre du cycle 2049 de l'OBS. Informations. En amont de la conférence, retrouvez dans le dernier numéro de l’OBS un entretien avec Serge Tisseron “L’intelligence artificielle est tout sauf neutre” : “L'école devrait d'abord et surtout être le lieu de l'empathie, donc de la curiosité partagée, des échanges, des débats, des controverses.” 

DANS LES MÉDIAS

Un an après le lancement de ChatGPT, l'aube d'une nouvelle ère ? Un an après le lancement de ChatGPT, l'IA générative redéfinit nos vies, de la cuisine aux métiers. Sylvain Rolland revient dans La Tribune sur les impacts culturels, politiques et économiques majeurs de cette révolution technologique, avec des témoignages d'Olga Kokshagina, Yann Ferguson, Mehdi Triki, Martin Pavanello, Eric Sadin, Sylvain Duranton et Asma Mhalla. À lire ici.

« Il faudra nécessairement faciliter les espaces de discussion sur les IA génératives, tant sur l'aspect règlementaire que sociétal. » À l'occasion de l'événement dédié aux industries culturelles et créatives (ICC), We Are French Touch, Adrien Basdevant est revenu dans Le Populaire du Centre sur le potentiel créatif de ces nouvelles technologies, tout en invitant à soutenir les modèles libres et communs d'intelligence artificielle.

Open AI : trois gagnants et un perdant. Dans son édito pour Les Échos, Jean-Marc Vittori revient sur le bras de fer qui vient de se dérouler chez le fabricant de ChatGPT. Des enjeux économiques économiques et de capitaux entre management, salariés et actionnaires qui viennent soulever la question de notre rapport à ces nouvelles intelligences artificielles.

« Comment faire en sorte que la prochaine intermédiation soit fructueuse pour tous ? » Invité d’Hedwige Chevrillon dans Good Evening Business, Jean Cattan a insisté sur l’importance de mettre en place un cadre holistique pour assurer une bonne répartition de la valeur. A travers une position offensive sur la régulation, le terrain entrepreneurial et la recherche, il y a défendu le besoin de penser l’innovation au service de la cohésion sociale et à mettre l’IA au travail pour s’en servir comme outil de médiation au sein également des entreprises. À visionner ici.

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